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libres opinions pour mémoire
18 décembre 2016

Race noire race inférieure ou la ténacité humaine de l'absurde. Archives philosophiques pour mémoire

PHOBA MVIKA J.

Dr ès Lettres d’Etat

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RACE NOIRE

RACE INFERIEURE

OU LA TENACITE HUMAINE DE L’ABSURDE

ARCHIVES PHILOSOPHIQUES POUR MEMOIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UNIVERSITE DE KINSHASA

DECEMBRE 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TABLE DES MATIERES

 

  1. 1.   La Négritude de Senghor ou l’échec d’une  thérapie anti racisme blanc, à l’occasion de sa mort, le 20 décembre 2001……..………………………..p. 3.
  2. 2.   « Race noire, race inférieure » ou l’absurdité de la ténacité humaine à construire des murs de séparation entre les hommes……….……….. p. 7.
  3. 3.   Qu’est-ce que les Noirs ont inventé ? ou de la coresponsabilité humaine p. 13.
  4. 4.   Les anciens Grecs n’ont pas tout inventé, loin s’en faut..……………. p.19.
  5. 5.   La démonstration de la modicité de la contribution des anciens Grecs à la philosophie, à la science et à la théologie, par Eusèbe de Césarée, contrairement à l’idée reçue…………………………………………...……p. 31.
  6. 6.   Les croyances religieuses des anciens Grecs n’étaient pas plus rationnelles que celles des autres peuples de leur époque….………..…..……….. p. 32.
  7. 7.   La philosophie n’a rien appris des Grecs…………………………..…….p. 32.
  8. 8.   Les Grecs sont allés à la recherche de la philosophie chez les Barbares, p.34
  9. 9.   Pythagore, qui inventa le nom de philosophie et dont les Grecs se vantaient tant, avait reçu toute son instruction philosophique et scientifique chez les Barbares et même son nom est plus barbare que grec ………………….. p. 34.

10.Les Grecs ont tout appris des Barbares, y compris l’alphabet……. p.36.  

11.Témoignages supplémentaires …………………………………………..….p. 40.

12.La synthèse d’Eusèbe………………………………………………………….p. 52.

    13.Sur le plagiat des anciens Grecs..………..…………………………………p. 54.

    14.Sur la conformité de la philosophie grecque avec celle des Hébreux, par      

            Eusèbe de Césarée…..………………………………………………………....   p. 58.

    15.Conclusion : une invitation à la voie royale du bonheur humain : la vérité et 

         l’honnêteté ……………………………………………………………………….p. 73.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

              PHOBA MVIKA J.

Dr ès Lettres d’Etat

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I

 

NEGRITUDE DE SENGHOR

OU L’ECHEC D’UNE  THERAPIE

ANTI RACISME BLANC

A L’OCCASION DE SA MORT, LE 20 DECEMBRE 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UNIVESITE DE KINSHASA

DECEMBRE 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A quatre-vingt-quinze ans, le chantre de la Négritude est mort et, avec lui, la Négritude aussi, sans doute. Car on ne voit pas bien comment, devenue orpheline inconsolable de son illustre père nourricier,  survivrait cette vieille dame éreintée et sans charme !

 

Né en 1906, Senghor est mort presque centenaire, le 20 décembre 2001, dans son village en Normandie (France)! Il aura traversé et marqué de l’empreinte de sa Négritude tout le 20ème siècle. Il en aura incarné, plus que tout autre, la bonne fortune !

 

Aussi, plus que tout autre de ses illustres compagnons du Quartier Latin parisien des années 1920, c’est de lui que serait naturellement attendu le bilan de la « lutte engagée » ou, simplement, de la réalisation de l’intention implicite du mouvement de la Négritude.

 

Hélas, la mort a frappé. Senghor n’est plus. Il n’est plus là pour faire lui-même ce bilan de la Négritude. Il est mort. Il eût fallu qu’il vécût encore un peu plus, ne fût-ce qu’un an, pourquoi pas deux ans, dix ans ! Il eût fallu qu’il ne mourût point… Mais il est mort.

 

Non, que dis-je ? Pour son pays, ses pays, il est immortel. Le bilan est fait par eux, brillant. En deuil, pourtant. Ils ont perdu un père, un Président-Fondateur d’Etat, un défenseur talentueux de langue, un Académicien, pour tout dire.

 

Les louanges à ses talents d’homme d’Etat et de culture fusent de partout, il faut bien le remarquer, même s’il n’a pas eu que des admirateurs.

 

Ce qui est vrai est qu’admirateurs et contempteurs s’accordent à lui reconnaitre le mérite d’avoir inventé, avec ses camarades, le concept-fétiche de Négritude, devenu pour eux tous leur plus grand titre de gloire.

Toute autre considération mise à part, on peut, en effet, s’accorder à penser que c’est un véritable trait de génie et une marque d’humanité supérieure que de tenter, in illo tempore, de damer le pion au racisme, en élevant le débat, par la substitution de l’identification raciale par la culturelle.

 

Car, comme on doit le savoir, il ne faisait pas bon, en pleine période coloniale, d’avoir une autre race que la blanche. Les murs construits par les théories racistes européennes de la fin du XIXème siècle avaient rendu l’identité raciale noire trop lourde à porter pour être exaltée. Le fameux Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855) du comte français Arthur de Gobineau (1816-1882)[1] est resté dans la mémoire.

 

Les Noirs et aussi les Juifs n’avaient alors que la haine et la récrimination pour arme contre la discrimination, dont ils étaient l’objet. En substituant la discrimination culturelle à la discrimination raciale, Senghor et ses amis avaient voulu rendre l’identité nègre digne de l’intérêt, que suscite toute culture, avec, à la clé, la reconnaissance humaine des Noirs.

 

Joignant la parole à l’acte, Senghor sut faire montre de l’interchangeabilité raciale. Il s’appliqua l’idée que tout être humain doit être capable d’embrasser plusieurs cultures. Le métissage culturel devint un must pour lui. Il sut ainsi être à la fois blanc et noir, hellène et nègre, bref, grec et barbare.

 

Mais, parce que sortir de soi est particulièrement difficile pour le « Grec », le métissage culturel naturalisé constitua le grand miracle de la Négritude. C’est, selon Senghor, le génie du Nègre d’être à la fois soi-même et autre que soi-même. La Négritude devint une prise de position philosophique, qui prit le contre-pied de « l’enfer, c’est l’autre ».

 

A travers sa Négritude, Senghor administre une leçon magistrale  d’ouverture, de compréhension humaine et de paix de l’ainé de l’humanité à un cadet, le « Grec », rongé par une volonté de puissance et de domination sans partage.

 

Il faut que le Nègre prouve à qui l’exclut qu’il sait être comme lui. La hantise du Nègre est ainsi devenue celle de l’identification blanche, que Senghor sembla avoir bien incarnée ! C’est une valeur humaine honorable, tant qu’elle sera l’expression d’une volonté réelle d’ouverture humaine.

 

Elle devient peu honorable si, comme il apparait, elle est l’expression du complexe d’infériorité du Noir, l’esclave, vis-à-vis du Blanc, son maître envié, à qui il veut ressembler.

 

Mais là n’est pas le fond du problème. En fait, la démarche métaphysique de la Négritude, comme d’autres démarches analogues, cadre mal avec la marque physique et conflictuelle du XXème siècle, théâtre des horreurs du nazisme. 

 

Ce qu’il faut bien voir c’est qu’elle n’a pas surmonté l’épreuve de l’idéologie raciste dont le texte « Race noire, race inférieure », ci-dessous, est l’une des plus complètes  expressions. Le mur racial, que Senghor voulait détruire, est plus debout que jamais. 

 

Il faut se rendre à l’évidence, la race noire est perçue et restera encore longtemps perçue comme une race inférieure, non seulement par la plupart des Blancs, mais, hélas, aussi par la plupart des Noirs eux-mêmes.

 

Les murs construits étaient manifestement trop épais et trop hauts pour être facilement abattus.

 

Le texte ci-dessous montre à quel point l’homme se complaît dans l’absurdité de la construction des murs de séparation.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             PHOBA MVIKA J.

Dr ès Lettres d’Etat

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II

 

 RACE NOIRE

RACE INFERIEURE

OU L’ABSURDITE DE LA TENACITE HUMAINE A CONSTRUIRE DES MURS DE SEPARATION ENTRE LES HOMMES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UNIVESITE DE KINSHASA

DECEMBRE 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « RACE NOIRE, RACE INFERIEURE »

 

« Tout d’abord comparons les Noirs aux Blancs. La « comparaison est facile et peut se résumer en quelques lignes.

 

« Les Noirs n’ont rien apporté. Ils ont, d’une manière générale, « le dernier rang sur tous les points du monde.

 

« Dans les sciences ils n’ont rien. Quel est, dans l’histoire des « mathématiques, de la physique, de la chimie et de la biologie, « le nègre qui, depuis que la terre existe, a laissé un livre, un « théorème, une expérience, une découverte personnelle ?

 

« Quoique je n’aie pas la prétention de connaitre de mémoire « tous les savants dignes de mémoire, j’en sais assez pour être « assuré qu’aucun savant noir ne peut être comparé à « Archimède, Képler, Newton, Lavoisier, Darwin, Pasteur.

 

« Si encore les Nègres pouvaient compter un savant de « cinquième ordre, ou même de dixième ordre, mais il n’en est « rien, grand ou petit, de quelque rang infime qu’on puisse le « supposer, ces pauvres gens. Les Nègres ne sont pas doués « pour les sciences. Ils n’ont rien « inventé. Ils n’ont rien « découvert. Ils n’ont pas écrit le plus « médiocre ouvrage de « vulgarisation.

 

« Les écrivains nègres ? Parlons-en. Je ne suis pas certain qu’ils « soient aptes à comprendre tous nos livres et à apprécier nos « principes. Pour les Lettres et les Arts c’est exactement la « même chose.

 

« L’architecture nègre ? Ce sont des paillotes. La peinture nègre ? « Ce sont des dessins informes, dont ils sont bariolé leurs « guitares.

 

« La musique nègre ? Ce sont les charivaris ou mélopées « monotones, non dépourvues de quelques charmes, qu’ils « chantent en naviguant sur les rivières. Mais il est loin de cette « plainte rythmée de Beethoven, Verdi, Wagner.

 

« Quant aux Lettres, je connais Homère, Sophocle, Shakespeare « et Molière, Achille et Victor Hugo. Mais j’ignore les penseurs « du monde noir et leurs artistes. Il faut donc attribuer la « même place dans les arts que dans les sciences.

 

« Ce ne sont pas les Nègres qui ont inventé l’imprimerie, les « chemins de fer, les bateaux à hélice, le télégraphe, la « photographie, l’aviation. Ils n’ont ni fondé une institution « sociale, ni l’assistance publique, ni même la lettre de change, « ni le gouvernement parlementaire.

 

« Ils n’ont pas su créer une langue stable et se donner une « patrie. C’est pourtant le minimum. Les Etats gouvernés par « les Nègres sont déchirés par des discussions féroces. La « cupidité et de l’anarchie y sévissent en pleine vigueur. Il suffit « de les écouter et vous êtes fixés.

 

« Pendant bien des siècles ils ont été les maitres incontestés de « l’Afrique. Ils n’ont pu rien faire de valable … Ce grand et beau « continent était et reste divisé en tribus qui ne connaissent « que des guerres de pillage avec des armes enfantines.

 

« En fait de religion, ils n’ont inventé que des fétiches grossiers. « Nous les Blancs, nous avons le paganisme admirable « d’Homère, le féroce monothéisme de Jéhovah, la douce « mystique du Christ et le belliqueux apostolat de Mahomet. Les « Jaunes ont Brahma et Bouddha. En somme six grandioses « religions qui reflètent l’âme de ceux qui les ont faites, croyant « les recevoir d’un Dieu. Mais l’âme des Noirs, très puérile, se « reflète dans leurs superstitions et leurs amulettes gris-gris.

 

« Leur politique et leur religion sont à la hauteur de leurs « sciences, leurs arts et leur efficacité. Ils s’entre-tuent pour « tout ce qui brille, pour n’importe quoi. Ils sont personnels, « égoïstes et sensibles à la flatterie.

 

« Plus ils sont âgés, plus ils croient tout savoir, même s’ils sont « sots. Chez les Nègres, l’intelligence se mesure au nombre des « années vécues.

 

« Donc la preuve est faite ; elle ne s’appuie ni sur des raisons « philosophiques ni sur des déductions anatomiques, mais sur « les résultats mêmes de cette intelligence. L’intelligence d’une « race se mesure par ce qu’elle produit.

 

« Les Noirs n’ont produit que le néant.

 

« Cherchez, creusez, analysez, interrogez les dictionnaires, les « statistiques, les almanachs, vous ne trouverez pas un seul « Nègre qui ait été éminent comme savant, comme artiste, « comme penseur. 

 

« On cite toujours un homme de quelque mérite : M. Booker « Washington, qui est nègre et que le Président Roosevelt a « invité à dîner. Mais, au risque de faire de la peine à cet « honorable écrivain noir, je ne crois pas que son nom, à lui « seul, compense les noms d’Aristote, de Phidias, de Rome, de « l’Allemagne et de la France, de l’Angleterre et de l’Espagne.

 

« La balance n’est pas des tout égale. Il y a eu M. Booker « Washington et nul autre. Voilà l’unique témoignage que les « Nègres puissent aligner en faveur de leur puissance « intellectuelle. On me permettra de penser que M. Booker « Washington est une exception et que cette exception ne « prouve rien.

 

« Pourquoi ne pas dire à haute voix ce qui est notre conviction « à tous ?

 

« La race noire est une race inférieure.

 

« Les dimensions de son cerveau la rapprochent des singes et « l’intelligence est restée enfantine. Peut-être, avec le progrès « des siècles, la race sera-t-elle capable ; mais nous ne savons « rien et les plus habiles ne sauraient émettre à cet égard que « des conjectures fantaisistes.

 

« Peu importe, la question n’est pas là. Il ne s’agit pas de « l’avenir, mais du présent. Or, à l’heure actuelle, la race « noire est radicalement inférieure à la race blanche. Nous « n’avons pas voulu dire davantage, l’infériorité est éclatante. « Il est inutile d’aller plus loin.

 

« Mais faisons l’hypothèse, imaginons qu’il n’y ait jamais eu de « Nègres ni en Ethiopie ni en aucun coin de l’Afrique. Est-ce que « notre civilisation en serait changée ? Que manquerait-il à « notre culture générale ? Aurions-nous un seul trait à « retrancher des livres que nous lisons ? Londres à Londres, « Berlin à Berlin ?

 

« L’ouvrage de la race noire est égal à Zéro.

 

« Des millions de Nègres ont respiré, vécu et souffert sans « aucun profit pour l’humanité future. Toute cette immense « population humaine, par l’imbécilité de son intelligence n’a « pas fait avancer la marche en avant de l’humanité, pas plus « que les bestiaux qui peuplent depuis des siècles les panpans « du Sud de l’Amérique.

 

« Si l’on m’accuse d’être cru, ce qu’on ne m’aura pas compris. « J’ai une vraie sympathie pour ces pauvres Noirs, ces êtres « doux et faibles, faciles à corrompre, victimes de notre « méchanceté, et je ne voudrais pas faire quelque peine au plus « infime d’entre eux et d’avance je m’excuse de ma franchise.

 

« Mais une sympathie pour des individus conscients et « humains, capables de douleurs, ne va pas jusqu’à « l’admiration pour cette race.

« Il ne faut pas confondre un sentiment de pitié avec un « jugement, d’autant plus que ce jugement comporte une « conclusion pour ces êtres inutiles.

 

« En tout cas tout militatif de cette race dégradée avec la race blanche ne peut être que ‘funeste’ »[2].

 

Fait à Kinshasa, le 22 décembre 2001

 

PHOBA MVIKA J.

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PHOBA MVIKA J.

Dr ès Lettres d’Etat

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III

 

 

QU’EST-CE QUE LES NOIRS ONT INVENTE ?

OU LA CORESPONSABILITE HUMAINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UNIVESITE DKINSHASA

MAI 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La réponse, ci-dessous, à la question de savoir ce que les Noirs ont inventé, reproduite dans le n° 55 de mai 2005, de L’Avenir, Revue des Jeunes, Manuel de formation des Jeunes[3], n’a pas la réplique au texte précédent pour objet, mais la simple information des lecteurs des Libres Opinions.

 

En effet, nous savons que, premiers porteurs de l’humanité, les Noirs ont tout inventé, depuis les premiers pas des hominidés jusqu’à leur organisation de vie en harmonie avec  la nature et la divinité.  

 

A ce titre, à travers eux, l’homme a accompli sa mission la plus vitale. Ce sont eux, qui ont assumé la nature humaine originelle et créé la première culture humaine, dont les échantillons, ci-dessous, montrent que les Noirs ont gardé leur sens de responsabilité humaine originelle, en s’adaptant à l’environnement moderne, hors des tropiques.

 

Ils n’ont pas besoin du satisfecit d’un morveux. Ils ont été là avant lui et très longtemps sans lui.

 

Voici l’extrait annoncé de la Revue des Jeunes, L’Avenir :

 

« Un grand savant, Albert Einstein, aimait à dire que ‘ l’imagination est la plus grande richesse de l’homme’.

 

C’est vrai. Il suffit d’un éclair de génie pour convertir les idées, que l’on croyait les plus folles, en théories scientifiques les plus rigides. Les projets les plus lucratifs prennent naissance à partir des idées les plus banales en apparence. Il suffit de trouver le cheminement logique permettant à aboutir à leur concrétisation.

 

Cependant entre le rêve et la réalité, le savoir et le savoir-faire, il y a un monde de différence.

 

Assez souvent, les plus grands inventeurs et les hommes de science les plus fameux ne bénéficient même pas matériellement du fruit de leurs expériences ou n’arrivent pas à contrôler l’usage que l’on en fait.

 

On peut citer l’exemple de Rudolph Diesel, cet ingénieur allemand, qui a inventé, en 1897, le moteur à combustion interne et à huile lourde qui porte bien son nom. On lui rend tout de même cette gratitude. Mais, Diesel est mort pauvre. Pris de découragement, en 1913, il s’est suicidé dans une chaloupe au large d’Anvers, loin de la vue de ce monde égoïste et cupide.

 

DES NOIRS SCIENTIFIQUES

 

Dans le domaine scientifique, beaucoup de Noirs se sont illustrés par leurs inventions. Mais les médias négligent de leur accorder une certaine diffusion. D’où ce préjugé mesquin, qui porte à croire même parmi les Noirs que leurs ancêtres n’ont rien inventé.

 

A cause du racisme, il y a une véritable conspiration du silence autour de leurs inventions.

 

DES SPORTIFS SEULEMENT ?

 

Au tableau d’excellence, on a toujours tendance à ranger les Noirs dans la catégorie des meilleurs sportifs. Ce qui n’est pas mauvais. On est fier du Roi Pelé, de  Mohamed Ali et de Michael Jordan etc. Cependant les Noirs excellent aussi en science et en technologie. Ils ont fait beaucoup d’inventions, demeurées inconnues au grand public.

 

Très souvent on entend poser cette question pleine de sous-entendus : qu’est-ce que les Noirs ont inventé ? Sur un ton ironique on répond au hasard : les chants, la danse, le tamtam …

 

Quoi de plus ? De telles réponses font rire ! Ce sont les éléments de notre culture, nous n’avons pas à en rougir. Au contraire nous en sommes fiers. Mais de telles réponses sont tendancieuses, elles visent à nous mettre un carcan d’infériorité au cou et à nous enfermer dans un traditionalisme stérile susceptible de tuer dans l’œuf toute appétence chez nos jeunes de se lancer dans des initiatives à caractère scientifique, de décourager chez eux tout esprit de créativité.

 

BATISSEURS DU MONDE

 

Il faut que les jeunes sachent qu’ils appartiennent eux aussi à cette grande famille d’hommes, qui ont construit le monde.

 

Nous livrons à leurs réflexions la liste des inventeurs noirs avec les inventions et leurs dates d’enregistrement au bureau des patentes et des droits d’invention des USA. Nous ne pouvons pas donner la liste complète, faute d’espace. Cependant ils peuvent aisément retrouver la liste originale sur internet à l’adresse : www.afrikara.com. Toutefois, pour leur plus complète édification, nous citons quelques exemples.

 

En effet, combien parmi les millions d’automobilistes, qui s’arrêtent chaque jour au feu rouge à travers le monde, savent que cet outil de gestion de la circulation urbaine a été inventé par un Noir ?

 

C’est en 1923 pourtant que l’Africain-Américain Garrett Augustus Morgan, un autodidacte né en 1875 dans Tennessee, a mis au point les feux tricolores. Il céda, pour 40.000 dollars de l’époque, son invention à la General Electric Company.

 

Très ingénieux, M. Garrett va également utiliser ses compétences en Chimie au service de ses préoccupations humanitaires, pour inventer le masque à gaz, dont le brevet est déposé en 1914, aux Etats Unis.

 

Un autre Africain-Américain, Andrew J. Beard, va mettre au point le moteur à combustion, alors que l’imagination de John V. Smith accoucha les freins de voiture.

 

Toujours dans le domaine du transport, le 19 septembre 1893, Elbert R. Robinson va mettre au point le trolley électrique sur rail et Granville T. Woods le système d’électrification des voies ferrées.

 

ENCORE UN TOUR D’HORIZON

 

Même s’il ne s’agit pas de faire le recensement exhaustif des découvertes et innovations faites par les Noirs, continuons ce tour d’horizon en citant John Stenard, qui invente, le 14 juillet 1891, le réfrigérateur, Lee S. Burridge et Newman R. Mashman, qui inventent, le 7 avril 1885, (l’année où les puissances européennes se partagèrent l’Afrique à Berlin), la machine à écrire.

 

Le 7 juin 1889, Granville T. Woods, cité plus haut, inventa l’antenne parabolique. Le 11 octobre de la même année, il mit au point les systèmes et les appareils téléphoniques.

 

Deux ans plus tard, le 1er janvier 1889, M. Woods inventa l’interrupteur électrique.

 

Aujourd’hui imprimer un journal ou un livre est devenu un acte banal, mais beaucoup de gens ne savent pas que la rotative de presse a été inventée, le 17 septembre 1878, par W. A. Lavalette.

 

L’Afro-Américain David Blackwell s’est vu décerner le prix John Von Newman, récompensant le meilleur mathématicien au monde.

 

Le téléphone cellulaire a été inventé par un Noir, qui s’appelle Frederick M. Jones, patenté le 12 juillet 1949.

La machine à sécher les linges a été inventée par un noir qui s’appelle Alexander Miles, patenté le 11 octobre 1867 ».

 

La Rédaction

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PHOBA MVIKA J.

Dr ès Lettres d’Etat

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV

 

 

LES ANCIENS GRECS

N’ONT PAS TOUT INVENTE 

 LOIN S’EN FAUT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UNIVESITE DKINSHASA

MAI 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’idée, selon laquelle, les « Grecs » méritent seuls la considération et la reconnaissance éternelles de l’humanité, parce qu’ils auraient tout inventé et les « Barbares », rien, nous a été inculquée tout au long de notre formation et encore aujourd’hui au cours de la formation des jeunes.

 

C’est une idée raciste, qui crée des murs de séparation entre les humains et une imposture préjudiciable à la santé intellectuelle de notre jeunesse, qu’il faut absolument corriger. C’est la raison d’être du texte ci-dessous.

 

« Solon, Solon, vous autres les Grecs, vous n’êtes que des enfants ; point de vieillards parmi les Grecs ; nul d’entre eux n’a blanchi dans l’étude des sciences ».

 

Ainsi parlait, au rapport de Platon, cité par Eusèbe de Césarée, le maître égyptien[4] de Solon (640-558), le grand législateur d’Athènes et l’un des 7 sages de la Grèce[5].

 

Hélas, ce sont ces « enfants », qui vont marquer le destin du monde d’une empreinte indélébile.

 

Parler ainsi des Grecs peut paraître à certains comme un crime de lèse-majesté. C’est que ni les critiques d’un Eusèbe ni celles d’un Ramus n’ont réussi à remettre en question l’idée que les anciens Grecs, à l’instar d’une prolis sine matre creata[6], auraient tout inventé et n’auraient rien appris de personne. Si contestable soit-elle, l’hypothèse de la chaîne d’or[7], qui a fait des Grecs, par Pythagore interposé, les dépositaires des trésors du savoir et de la sagesse descendue du ciel, a ainsi la peau dure.

 

Ce qui veut dire que, pour une grande partie de l’opinion intellectuelle mondiale, le patrimoine culturel grec est la référence culturelle universelle.

 

En termes Gumplowicziens[8], les anciens Grecs seraient les représentants de la race victorieuse, devant laquelle tous les autres hommes doivent s’incliner respectueusement !  

 

Mais la réalité est toute autre. Il est regrettable que l’on continue de considérer l’apport des anciens Grecs à la culture mondiale comme irremplaçable, cinq siècles après le martyre de Ramus[9], pour avoir contesté l’hégémonie culturelle d’Aristote et consorts. Nous le regrettons d’autant plus que c’est en elle que la pensée moderne, créatrice de l’épistémologie moderne, a puisé ses armes idéologiques et ses errements philosophiques, à savoir le culte de l’esprit de division, de séparation et d’exclusion.

 

Le dualisme exacerbé dans la pensée grecque, spécialement à travers ses deux grands représentants, Platon et Aristote, a sans doute été une felix culpa qui nobis scientiam modernam meruit[10]. Mais, à quel prix ? Pour beaucoup de gens aujourd’hui, il n’est pas exagéré de dire qu’en suivant le « modèle grec » l’humanité a payé le prix le plus fort, à savoir la mort de Dieu, la mort de l’Homme et  la mort de la Terre.

Bref, le succès scientifique obtenu grâce à l’adoption du « modèle grec » n’enlève rien à notre regret devant l’incapacité des deux grands Grecs d’assumer intégralement l’héritage ancien de l’humanité, notamment l’héritage égyptien, si attentif à ce qui manque le plus à notre monde, le sens de l’harmonie Homme-Homme, Homme-Nature et  Homme-Dieu.

 

Qu’est-ce que l’Humanité n’aurait-elle pas gagné si le génie profond des Egyptiens avait été intégralement assumé par l’esprit brillant des Grecs et spécialement de Platon et d’Aristote ! Il n’est, en effet, un secret pour personne que l’antiquité classique est dominée par ces deux grandes figures : celle de Platon, d’une part, et celle d’Aristote, de l’autre. Ces grandes figures représenteront désormais les deux grands courants antithétiques, les deux pôles entre lesquels la pensée grecque, la pensée occidentale et la pensée mondiale va osciller.

 

A Platon, pour qui le secret du monde tient à un premier principe, se rattacheront globalement tous les courants spiritualistes. Son idéalisme peut se résumer comme une pensée orientée vers le monde spirituel des Idées. Elle cherche à s’élever au-dessus de la condition humaine, à communier avec la pensée divine.

 

La doctrine platonicienne parait essentiellement métaphysique, ouverte au sentiment religieux et à la contemplation mystique. Elle prône le détachement de soi, le progrès spirituel, l’intuition des idées ou des intelligibles, la possibilité d’une connaissance directe du monde spirituel, voire de l’Etre suprême.

 

Elle est ainsi une doctrine centrée sur l’idée de vie supraterrestre en communion béatifique avec Dieu.

 

Elle soutient l’affirmation d’une réalité absolument transcendante et source de toute réalité. Platon l’appelle le Bien. Ses disciples Plotin et Proclus l’appelleront l’Un. De cette réalité transcendante les êtres terrestres émanent. Participants du Bien, les êtres terrestres sont hiérarchisés et leur degré d’être est fonction de leur place par rapport à l’Etre suprême. Au plus bas échelon il y a la matière, le non-être, la multiplicité, le principe du mal. Il y a, ainsi, dans l’homme une opposition entre l’âme et le corps. L’âme, représentant l’élément divin, doit s’affranchir du corps, représentant la matière, par l’ascèse et la contemplation.

 

Platon, sans doute inspiré par la philosophie des Hébreux,  ne réussit donc pas à harmoniser les éléments constitutifs de l’être métaphysique de l’homme. Contrairement aux Egyptiens, dont les éléments se complètent, Platon affirme au contraire leur nécessaire incompatibilité, notamment celle de l’âme et du corps.

 

On ne peut donc pas ne pas déplorer cet échec d’un esprit aussi brillant. Comme les matériaux métaphysiques égyptiens étaient disponibles, l’Humanité était en droit d’attendre de cet esprit leur brillante harmonisation.

 

A Aristote, pour qui le secret du monde se trouve dans le monde lui-même, se rattachent tous les courants positivistes et matérialistes. Son empirisme, en réaction à la théorie platonicienne des idées, prône l’observation comme source exclusive de la science. Son système, on s’en doute, sera essentiellement une physique, c’est-à-dire une interprétation des phénomènes de l’univers matériel. Quant à la connaissance de l’univers spirituel, la contribution aristotélicienne fut plutôt modeste, bien qu’Aristote forgeât bon nombre de concepts utilisés dans les constructions scolastiques de la métaphysique,  à savoir, la vérité, la substance, la cause, la matière, la forme

 

Aussi, le médiéviste Belge, F. Van Steenberghen, se montre-t-il très critique à l’endroit de la synthèse métaphysique d’Aristote. L’intervention, dit-il, de la notion de Premier Moteur, d’analogie des causes, l’affirmation de l’existence nécessaire des substances spirituelles et des espèces matérielles, l’axiome de l’éternité du monde, du mouvement et du temps, le fait affirmé de l’ordre universel, rien de tout cela ne donne à la métaphysique aristotélicienne la consistance du système qu’on était en droit d’attendre d’un esprit incomparable comme le sien.

 

Van Steenberghen n’hésite pas à qualifier la métaphysique aristotélicienne de vraiment décevante. Sa problématique manque d’envergure et de profondeur, poursuit-il, et cette métaphysique physique[11]mérite tout au plus d’être appelée panthéisme cosmique.

 

Bref, l’Aristote, c’est-à-dire l’Aristos[12]naturaliste n’a pas été l’Aristos métaphysicien, qu’on était en droit d’attendre de lui !

 

Mais chose curieuse, déterminante et explicative de la situation d’impasse actuelle, c’est Aristote, plus que tout autre, qui a eu, en Occident, le rayonnement philosophique le plus considérable.

 

On a dit que c’était dû à la valeur de ses travaux scientifiques, notamment son excellente Histoire des animaux, fruit de sa méthode et de la puissance de son esprit[13].Mandonet[14]précise en disant que ce triomphe est dû à la puissance de son esprit de synthèse[15].

Il serait peut-être plus juste de s’en tenir au point de vue de F. Van Steenberghen et d’attribuer le succès du Starigite à l’ambiguïté de son projet d’une métaphysique sans métaphysique, conjugué avec son option scientifique, dès sa première éducation.

 

C’est là que tout s’est joué. L’Europe a préféré celui qui ne s’est imprégné que superficiellement de l’héritage égyptien, qui était un héritage global, avec son contenant métaphysique[16].

 

En effet, alors que la plupart de sages de la Grèce allaient se former en Egypte, Aristote était déjà complètement formé, quand il s’y est rendu et sans doute en compagnie de son disciple Alexandre, le conquérant ! Ce n’était pas pour recueillir la sagesse des prêtres égyptiens, comme l’ont fait bien des sages de la Grèce, tels Solon, Thalès, Cléobule et une longue suite de ses prédécesseurs ayant sans doute profité de la bienveillance d’Amasis (569 à 525), roi d’Egypte, mais pour compléter sa documentation sur les animaux, en vue d’écrire sa célèbre Histoire naturelle !

 

Ainsi, il apparait clairement, à nos yeux, qu’il était difficile pour Aristote de construire une métaphysique satisfaisante. Il nous semble avoir été trop marqué par sa formation de naturaliste et de médecin. Bien que le terme métaphysique y fasse allusion, la métaphysique ne dérive pas naturellement de la physique. La métaphysique est première, elle n’est pas seconde. Elle est comme une préoccupation fondamentale, qui précède tout autre. Elle est le contenant et la physique, le contenu, si l’on peut se permettre de parler ainsi.  Elle est le bœuf, la physique, la charrue. Sa position est capitale.

Le génie d’Aristote n’est donc en cause. Un génie qui précède la métaphysique n’est pas à coup sûr un génie métaphysique.

 

Van Steenberghen et ses autres critiques auraient mieux fait de ne pas trop évoquer ce génie. Car tout génie ne produit pas automatiquement la métaphysique.

 

Il peut y avoir un génie du mal et même un génie antimétaphysique. Ce dont il est question c’est la priorité de l’option métaphysique, qu’on accepte ou qu’on n’accepte pas.

 

C’est cette absence de cette priorisation de l’option métaphysique qui est la source de l’impasse métaphysique de la philosophie moderne depuis Descartes. Les génies, qui se consument à la dégager, par exemple de la science contemporaine devenue le novissimum organum, se sont consumés en vain. C’est le cas des génies de l’école de la philosophie implicite, où l’on croit mordicus que c’est au sein de la science que se trouve la philosophie et que la tâche du philosophe se réduit à son dégagement de la science.

 

C’est dire que la foi dans le fondateur du primum organum est encore vivace, près de 25 siècles après. C’est elle qui inspire la foi dans la prétendue philosophie implicite au sein de la physique en particulier et de la science en général, au point d’en faire un lieu philosophique[17].

 

Il nous faut répéter que la métaphysique aristotélicienne est restée médiocre, ce n’est pas parce qu’il a manqué de talent mais plutôt parce qu’il a pris un mauvais départ, par mauvais conditionnement mental sans doute.

 

On ne peut que déplorer cet état des choses. Car s’il avait été moins conditionné par sa formation scientifique de base, il aurait sans doute mieux perçu l’importance, même pour le scientifique, de la priorité métaphysique de la méthode égyptienne proposée par Platon, laquelle s’est avérée être la source inspiratrice d’une science égyptienne admirée de tous pour ses réalisations techniques.

 

On pourrait parier que la physique d’Aristote n’en serait pas devenue moins savante. Peut-être aurait-elle été plus ambitieuse et de plus grande envergure. On ne voit pas bien pourquoi sa méthode et son style en auraient souffert. Bien au contraire, ils auraient eu une raison supplémentaire de s’imposer. Son œuvre scientifique aurait rehaussé le prestige de la métaphysique ou, si l’on préfère, de la philosophia perennis. Et au lieu d’être taxée de métaphysique sans envergure, elle aurait atteint une envergure à la hauteur de son génie scientifique.

 

L’Humanité aurait peut-être fait l’économie de certains déchirements. Lourdes de conséquences funestes a été une telle attitude philosophique sur les esprits des jeunes.

 

Il faut un grand travail de déminage pour en libérer les victimes. Voilà pourquoi il nous parait important, pour terminer ces réflexions, de fixer notre jeunesse sur la nature exacte de l’apport grec au patrimoine commun de l’Humanité.

 

Tout le monde sait qu’il est devenu commun  aujourd’hui de penser que rationalité, savoir et sagesse riment avec « Grec », occidental ou Blanc, tandis qu’irrationalité, ignorance et déraison riment avec « Barbare », africain ou Noir.

 

Ainsi, des intellectuels africains sont tiraillés entre le sens de leur dignité humaine intrinsèque et le désir de promotion moderne suivant un modèle, qui ne leur reconnait, pourtant, ni dignité ni valeur, mais qui, au contraire, les disqualifie sans ménagementet les méprise.

 

Le drame est que beaucoup croient que l’imitation de ce modèle est une exigence de conformité avec la vérité même. Ne pas le faire serait prendre le chemin de la déraison ou de l’inconscience.

 

C’est en des termes analogues que le problème s’est posé, par exemple, à Eusèbe de Césarée[18] devant se convertir au christianisme, après avoir été formé à la culture grecque. Comme on le sait, il a dû se justifier et justifier sa position. C’est pour répondre aux accusations de déraison qu’il a écrit sa célèbre Préparation évangélique.

 

Il y démontre que c’est plus par imposture qu’en vérité que les anciens Grecs passent pour les plus savants et les plus sages des hommes.

 

Voilà pourquoi, nous nous sentons obligé de reproduire ci-après quelques extraits de cette démonstration d’Eusèbe :

 

1. Ceux qui montrent que les Grecs partageaient les mêmes traditions religieuses irrationnelles que les autres peuples de leur époque.

2. Ceux qui montrent que la philosophie n’a rien reçu des Grecs.

3. Ceux qui montrent comment les Grecs sont allés à la recherche de la philosophie chez les Barbares. 

4. Ceux qui montrent que Pythagore, dont les Grecs se vantaient tant et qui est l’inventeur du terme Philosophie, s’est instruit chez les Barbares.

5. Ceux qui montrent que les Grecs ont tout appris des Barbares, y compris l’alphabet.

6. Les témoignages pris à titre de preuves supplémentaires :

6.1° Celui de Diodore, historien grec du 1er siècle avant J.-C.

6.2° Celui de Flavius Josèphe (37-100).

6.3° Celui de Sextus Julius, dit  Africain, historien chrétien, né en Palestine au IIIème siècle d’une famille originaire d’Afrique.

 

Ils se terminent par :

7. La synthèse d’Eusèbe ;

8. Le plagiat des Grecs ;

9. La conformité entre la philosophie grecque et la philosophie hébraïque ;

10. La conclusion.

 

Il ne nous restera plus qu’à espérer que chaque lecteur saura désormais se faire une idée personnelle sur sa quête des références pour sa pensée et son action.

 

La sagesse grecque ne pourra plus être considérée comme l’unique référence. La preuve aura été faite qu’elle n’est au plus qu’une sagesse d’emprunt mutilée et dangereuse pour l’avenir de l’humanité.

 

Aberrante doit donc être considérée l’idée selon laquelle en dehors de la Grèce il n’y a qu’émotion, irrationalité et folie ou l’attitude de ceux qui, comme Albert le Grand (1206-1280), vouent une fidélité absolue à Aristote20

 

Nous rêvons pour notre part de voir un jour l’intellectuel moderne complètement libéré de l’esprit grec,  grâce à un système éducatif, qui met l’accent non sur l’opposition, la contradiction et la disharmonie, mais sur la concorde, la convivialité et l’harmonie universelle, point d’orgue de l’héritage égyptien.

Kinshasa, le 22 juin 2001

 

PHOBA MVIKA J.

PROFESSEUR ORDINAIRE

___________________________

20 « En tous mes livres philosophiques, je n’ai jamais rien dit de mien, mais j’ai exposé aussi fidèlement que j’ai pu les opinions des péripatéticiens ». Voir E. BREHIER, Histoire de la philosophie, T. 1 … p. 583. Cette attitude servile vis-à-vis des anciens contraste singulièrement avec celle plus digne de Ramus, dont nous avons déjà parlé : « J’admire les anciens plus que vous parce que je les connais mieux, disait Ramus à l’un de ses adversaires : mais qu’Aristote, Cicéron et Quintilien soient tels qu’on voudra, il ne s’ensuit pas qu’on doive se mettre à genoux devant eux, les regarder avec des yeux idolâtres ni les croire excellents en quelque chose », Voir Biographie universelle, t. 37, art. « Ramus », Paris, L. G. MICHAUD, 1824, p. 63-64.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PHOBA MVIKA J.

Dr ès Lettres d’Etat

PROFESSEUR ORDINAIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV

 

LA DEMONSTRATION

DE LA MODICITE DE LA CONSTRIBUTION DES ANCIENS GRECS A LA PHILOSOHIE, A LA SCIENCE ET A LA THEOLOGIE

 

 

 

PAR

 

 

EUSEBE DE CESAREE

 

 

 

 

 

 

UNIVESITE DKINSHASA

MAI 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. LES CROYANCES RELIGIEUSES DES ANCIENS GRECS

N’ETAIENT PAS PLUS RATIONNELLES QUE CELLE DES AUTRES PEUPLES DE LEUR EPOQUE

 

« En effet, écrit Eusèbe, Cadmus, fils d’Agénor, leur apporta les croyances de la Phénicie, celles de l’Egypte et des autres contrées de la terre, les mystères et le culte des dieux, les attributs des statues, les hymnes, les odes et tout cela leur fut appris …

 

Et d’ailleurs, chez tous les autres peuples, dans tous les pays, au sein de toutes les villes, c’étaient partout les mêmes cérémonies religieuses, les mêmes mystères, ou d’autres à peu près semblables …

 

Partout s’élevaient des temples superbes, remplis d’offrandes, ornés d’images de toute espèce ; les plus riches matières étaient employées pour fabriquer avec art des statues représentant tous les animaux mortels.

 

Les oracles étaient très nombreux et avaient une grande autorité chez tous les peuples. C’est alors que brillait dans tout l’éclat de sa gloire ce dieu tant révéré chez les Grecs, Apollon Clarius, Pithius, Dodoneus.

 

Ensuite on vit fleurir Amphiaraüs et Amphiloque, qui furent suivis d’une multitude infinie, je dirai plutôt de devins que de poètes et de rapsodes ». (Col. 859, ligne 63-860, 1. 37).

 

2.LA PHILOSOPHIE N’A RIEN REÇU DES GRECS.

 

 « Ce ne fut que longtemps après que la philosophie s’introduisit chez les Grecs ; elle n’avait rien trouvé chez leurs ancêtres qui pût la captiver ; elle n’avait reçu d’eux en héritage que des dogmes si antiques, si vénérables de leur théologie nationale ou leurs oracles, tant révérés de tous les peuples, oracles …  plutôt futiles et présomptueux. 

 

Aussi, elle n’y attacha qu’une importance secondaire, les croyants inutiles à la recherche des devoirs et de la vérité…

 

Alors elle put reconnaitre que non seulement la véritable théologie manquait aux Grecs, mais qu’ils n’étaient pas mieux partagés pour les arts et les sciences les plus nécessaires à la vie.

 

Les Grecs eux-mêmes conviennent que ce ne fut qu’après Orphée, Linus et Musée, les premiers de tous les théologiens, qui leur enseignèrent les erreurs du polythéisme, que les sept hommes illustres, surnommés les sept sages, se firent admirer pour leurs connaissances philosophiques.

 

Ils florirent vers le temps de Cyrus,  roi de Perse, époque où parurent les derniers prophètes chez les Hébreux[19], plus de six cents ans après la guerre de Troie et non moins de quinze cents ans depuis Moise[20]

 

Ce fut vers ce temps que les nouveaux sages travaillèrent, dit-on, à réformer les mœurs ; mais il ne nous reste que quelques sentences connues de tout le monde. Ce ne fut que bien longtemps après que les philosophes commencèrent à briller chez les Grecs ». (Col. 860, l. 38-861, l. 8).

3.LES GRECS SONT ALLES A LA RECHERCHE DE LA PHILOSOPHIE CHEZ LES BARBARES

 

« Que diriez-vous … si je vous citais Héraclite et les autres Grecs, qui accusent la république d’avoir été longtemps pauvre et dépourvue de toute instruction ? Les temples des dieux, les statues, les prédictions et les oracles, toute la vaine pompe, dont se paraient les démons pour tromper les peuples, tels étaient alors les seuls ornements de la Grèce. Mais la véritable sagesse et les sciences utiles à la vie, elles lui étaient inconnues ; et tous ses oracles n’apprenaient pas à concevoir même un seul dessein.

L’admirable Pithius lui-même ne fit rien pour les initier à la philosophie, et leurs dieux étaient impuissants à leur communiquer une seule des connaissances, qui sont si nécessaires.

 

Alors errant de tous côtés, passant leur vie à parcourir les contrées étrangères, ils se sont parés, comme dit la fable, des plumes d’autrui,  de sorte que toute leur philosophie se compose d’emprunts.

 

On peut dire la même chose des autres sciences : ils ont reçu des Egyptiens la géométrie, l’astronomie des Chaldéens, et d’autres lumières des autres peuples. Mais ils n’ont trouvé nulle part des enseignements comparables à ceux que quelques-uns de leurs philosophes ont recueillis chez les Hébreux : je veux parler de la connaissance du Dieu suprême et de la répudiation de leurs divinités ». (Col. 862, l.31-62).

 

4.PYTHAGORE, L’INVENTEUR DU NOM MEME DE  PHILOSOPHIE, S’EST INSTRUIT CHEZ LES BARBARES ET MEME SON NOM EST PLUS BARBARE QUE GREC

 

« Le premier de tous, Pythagore, qui avait eu pour maitre Phérécyde, inventa le nom de la Philosophie. Il était de Samos, suivant les uns, Tyrrhénien, suivant d’autres ; quelques-uns mêmes le font venir de Syrie ou de Tyr. Peu importe ; mais on est contraint d’avouer que le nom de ce premier des philosophes, ce nom que les Grecs prononçaient avec enthousiasme, est plutôt barbare que grec.

 

Phérécyde, qu’on lui donne comme maitre, était Syrien. On dit, au reste, qu’il ne fut pas le seul dont Pythagore reçut les leçons ; mais que ce philosophe fréquenta les mages de la Perse et les devins de l’Egypte, à l’époque où les Hébreux semblent avoir émigré, les uns en Egypte, les autres à Babylone.

Ainsi, notre célèbre philosophe, allant partout à la recherche de la vérité, se rendit à Babylone, en Egypte, en Perse, où il se fit instruire par les mages et par les prêtres. On dit même qu’il s’entretint avec les Brachmanes (ainsi sont appelés les philosophes indiens). Des uns il apprit l’astrologie, des autres la géométrie, de ceux-ci l’arithmétique et la musique, de ceux-là d’autres sciences : il n’y eut que les sages de la Grèce, dont il ne put rien apprendre, et parce qu’ils ne possédaient pas la sagesse, et parce qu’il ne pouvait converser avec eux.

 

Mais s’étant éclairé de toutes les connaissances étrangères, il ouvrit à ses concitoyens les sources de l’instruction. Tel fut le philosophe Pythagore.

 

De son école sortit la première secte philosophique appelée italique, parce qu’elle se répandit d’abord en Italie. Parait ensuite la secte ionique, qui reconnaissait pour chef Thalès qui, si l’on en croit quelques historiens, était de Phénicie ; de Millet suivant les autres. On dit qu’il eut aussi des rapports avec les devins d’Egypte.

 

Solon, l’un de sept sages, … regardé comme le législateur d’Athènes, fréquenta les Egyptiens, au rapport de Platon, vers le temps où les Hébreux passèrent en Egypte pour la seconde fois. Ce philosophe, dans le Timée, introduit un Egyptien, instruisant son disciple et lui disant : Solon, vous autres Grecs vous n’êtes que des enfants ; point de vieillards dans l’étude des sciences.

 

Platon lui-même, qui fréquenta les écoles des pythagoriciens en Italie, ne se borna point à recevoir leurs leçons. On assure qu’il s’embarqua pour l’Egypte, et qu’il y resta longtemps pour étudier les doctrines de ses philosophes.

 

Souvent, dans ses écrits, il rend témoignage aux lumières des Barbares, ne craignant pas d’avouer avec beaucoup de raison et de grandeur d’âme qu’il a recueilli chez eux les principes les plus élevés, qui sont contenus dans la philosophie.

 

Il faut l’entendre parler lui-même des Syriens et des Egyptiens en plusieurs endroits de ses écrits ; et notamment dans l’Epiménide :

 

‘L’auteur de cette science fut un Barbare, qui, le premier, en recueillit les éléments. Nous savons, en effet, qu’un pays ancien fut la patrie des hommes, qui s’appliquèrent à ces découvertes, favorisés par la pureté du climat, dont jouissent la Syrie et l’Egypte. C’est de là qu’elles se répandirent de tous les côtés, et même dans la Grèce, mûries et perfectionnées par le temps.

 

Avouons pourtant, dit-il, pour conclure, que nous avons beaucoup embelli ce que nous avons reçu des Barbares’. C’est ainsi que s’exprime Platon ». (Col. 861, 199-862, l. 16).

 

5.LES GRECS ONT TOUT APPRIS DES BARBARES, Y COMPRIS L’ALPHABET

 

« Celui, assurément, qui fit connaitre aux Grecs les lettres usuelles, et, par conséquent, les premiers éléments de la grammaire, fut Cadmus, Phénicien d’origine ; aussi plusieurs auteurs de l’antiquité appellent ces lettres phéniciennes.

 

Il en est qui attribuent aux Syriens l’invention des lettres. Ces Syriens ne sont rien d’autre que les Hébreux, qui habitaient une contrée voisine de la Phénicie, dont elle faisait partie primitivement, appelée ensuite Judée, et, de nos jours, Palestine. Les noms des Lettres grecques se rapprochent beaucoup de ceux qui sont donnés aux lettres hébraïques. Celles-ci, d’ailleurs, ont toutes une dénomination, qui offre un sens particulier[21], et la même chose ne se remarque pas dans l’alphabet des Grecs ; d’où l’on doit conclure qu’ils ne sont pas les inventeurs primitifs des lettres, qu’ils ont adoptées.

 

Les Hébreux se servent de 22 éléments ou lettres. La première lettre est appelée Alph, c’est-à-dire instruction (mathesis) ; la seconde, Beth, de la maison (oikou), la troisième, Gimel, signifie plénitude, (plèrôsis) ; la quatrième, Delth, tablettes (livres, deltôn) ; la cinquième, Hé, même (autè).

 

De sorte qu’en réunissant toutes ces lettres on exprime cette pensée : ‘l’instruction de la maison consiste dans la plénitude des tablettes’.

 

Après ces lettres, vient la sixième appelée par les Hébreux Vau, c’est-à-dire en elle (en autè) ; puis, la lettre Zai, il vit (zè) ; puis, le Heth, qui signifie le vivant (O zôn).

 

Toutes trois elles expriment ce sens : ‘celui qui vit en elle’. Ensuite la neuvième, Teth, se rend par bon (kalè(sic)) ; la suivante Yoth, par principe (archè) : ensemble, ‘le principe est bon’. Ensuite Caph, néanmoins (amôs) ; et Labd, ‘apprends’ (mathe) ; veulent dire : ‘apprends néanmoins’.

 

La treizième lettre Mem signifie ‘d’eux-mêmes’ (ex autôn) ; Nun, ‘éternel’ (aiônia) ; Samch, ‘secours’ (boètheia) ; et les trois réunies : ‘d’elles (sic) on tire un éternel secours’.

 

La seizième Ain, se traduit par œil ou source (pègè ou ophthalmos) ; la dix-septième, Phê, par bouche (stôma) ; la dix-huitième, Sadé, par justice (dikaiosunè), et donnent ensemble ce sens : ‘source ou œil et bouche de la justice’. La dix-neuvième lettre, Coph, appel (klèsis) ; ensuite, Rès, ‘tête’ (képalè) ; puis, Sen, ‘dents’ (odontes) ; et enfin, la dernière appelée Thau, ‘signes’ (sèmeia) étant réunies, forment cette pensée : ‘appel de la tête et signes des dents’.

 

Telles sont les lettres hébraïques ; elles ont toutes une signification propre, qui exprime, par le langage, le sens qu’elles doivent faire entendre. Vous ne trouverez, comme nous l’avons déjà remarqué, rien de semblable chez les Grecs, puisqu’ils sont contraints d’avouer que leur alphabet ne leur appartient point en propre, et qu’ils l’ont composé en altérant les noms que portent les lettres dans la langue des Barbares.

Il est d’ailleurs bien facile de s’en convaincre par un simple rapprochement. Quelle différence trouvez-vous entre l’Alph des Hébreux et l’Alpha des Grecs ; entre Beth et Betha ; le Gamma et le Gimel ; le Delta et le Delth ; l’Eta et le Hé ; le Zai et le Zêta ; le Theth et le Theta ; et toutes les autres lettres, que vous pouvez comparer ? Il est donc prouvé que les lettres n’ont point été inventées par les Grecs, mais par les Hébreux, chez qui elles ont une signification particulière. Ceux-ci les transmirent aux autres peuples qui les communiquèrent aux Grecs … » (Col. 863, l. 32-864, l. 38).

 

6.QUELQUES TEMOIGNAGES PRIS A TITRE DE PREUVES SUPPLEMENTAIRES

 

6.1° CELUI DE DIODORE, HISTORIEN GREC DU 1ER   

        SIECLE AVANT J.-C.

 

DIODORE DE SICILE[22] OU LE TEMOIGNAGE DE RECONNAISSANCE ENVERS L’EGYPTE, SOURCE DES ARTS, DES LETTRES, DE LA PHILOSOPHIE ET DE LA SCIENCE DES ANCIENS GRECS

 

« Après avoir étudié sérieusement cette matière, nous devons dire que les Grecs des temps anciens, les plus célèbres par leur sagesse et par leur instruction, visitèrent l’Egypte pour connaitre ses mœurs et s’instruire des sciences qu’on y enseignait.

 

En effet, les prêtres Egyptiens rapportèrent, d’après l’autorité de leurs livres sacrés, qu’on vit autrefois arriver dans ce pays Orphée, Musée, Mélampode, Dédale, comme aussi Homère, le Spartiate Lycurgue, Solon d’Athènes, qui furent suivis par Platon le philosophe, Pythagore de Samos, le mathématicien Eudoxe, Démocrite d’Abdère et OEnopidas de Chio. On montre encore, comme témoignage de leur séjour, soit des statues qui les représentent soit des objets et des lieux qui ont conservé leur nom.

 

En examinant d’ailleurs les connaissances diverses de chacun de ces grands hommes, les Egyptiens y trouvent une preuve certaine que ce sont leurs ancêtres qui leur ont appris tout ce qui les a rendus célèbres chez les Grecs.

 

Orphée apporta de l’Egypte les rites mystérieux, les fêtes de Bacchus ; le culte d’Isis rappelle celui de Cérès ; les noms seuls sont changés. La punition des méchants dans le Tartare, la récompense des bons, les ombres qui errent de tous côtés ; toutes ces images sont empruntées aux cérémonies, qui accompagnent les funérailles chez les Egyptiens.

 

D’après une de leurs anciennes traditions, Mercure, le conducteur des âmes, fut chargé de transporter les corps d’Apis jusqu’à un lieu, où il le remit à un inconnu, couvert d’un masque mutilé de Cerbère. Orphée ayant communiqué cette tradition aux Grecs, Homère l’a consacrée dans ses poésies en disant : ‘Le Dieu du mont Cyllène, Mercure, une verge à la main, évoquait les âmes des héros’.

 

Diodère, après d’autres détails, poursuit ainsi :

 

« Mélampode apporta, dit-on, de l’Egypte les mystères que célèbrent les Grecs en l’honneur de Bacchus ; et tout ce que leur mythologie raconte de Saturne, du combat des Titans et des autres tribulations auxquelles leurs dieux furent exposées.

 

On rapporte aussi que Dédale imita les détours du labyrinthe que l’on voit encore en Egypte et qui fut construit par Mendèle, suivant les uns, ou, suivant les autres, par le roi Marus, plusieurs années avant le règne  de Minos.

 

Les anciennes statues de l’Egypte offrent encore le modèle qu’a imité Dédale en fabriquant celles de la Grèce. Le magnifique portique du temple de Vulcain à Memphis fut construit par le même artiste ; et ce travail excita une telle admiration que l’auteur fut honoré d’une statue de bois, qu’il fit de ses propres mains et qui fut placée dans le sanctuaire de Dieu. Enfin, par son talent et ses nombreuses inventions, il acquit une gloire éclatante et reçut des honneurs presque divins. On trouve encore maintenant dans une île, près de Memphis, un temple de Dédale, très révéré des habitants.

 

Entre autre preuve du séjour d’Homère en Egypte, nous devons citer la potion qu’Hélène offrit à Télémaque chez Mémélas, pour charmer les souvenirs de ses malheurs. Ce remède que le poète appelle Népeuthès, et qu’Hélène avait reçu en Egypte de Polydamne, épouse de Thon, semble parfaitement connu d’Homère. On dit que les femmes de cette contrée possèdent encore le même secret, mais que celles de Diospolis seulement ont inventé depuis longtemps un breuvage pour calmer la colère et la douleur : Diospolis serait la même ville que Thèbes.

 

Autre preuve : les habitants, par un ancien usage, en parlant de Vénus, disent, Vénus d’or. Aussi, une plaine, près de Memphis est appelée la plaine de la Vénus d’or. Le poète parait avoir puisé à la même source son récit de l’entrevue de Jupiter et leur départ pour l’Ethiopie. En effet, chaque année, chez les Egyptiens, le temple de Jupiter (sic) est transporté en Lybie, flottant sur le fleuve ; et on le ramène quelques jours après, comme si le dieu revenait de l’Ethiopie, pour l’entrevue des deux divinités. On peut l’expliquer par l’usage qui s’était introduit en Egypte de transporter leurs temples, aux jours de fête, sur une montagne que les prêtres avaient jonchée de fleurs.

 

Lycurgue, Platon et Solon introduisirent dans les lois qu’ils rédigèrent beaucoup de coutumes empruntées aux Egyptiens.

 

Pythagore apprit d’eux pareillement le langage mystérieux, les théorèmes de la géométrie, l’arithmétique, et le passage des âmes d’un corps dans un autre.

 

On pense que Démocrite passa cinq années en Egypte, et qu’il y recueillit beaucoup de connaissances sur l’astrologie. OEnopis aussi eut des rapports avec des prêtres et des astrologues, qui lui apprirent entre autres secrets comment s’accomplit le cycle du soleil et pourquoi cet astre, dans son cours oblique, est emporté par un mouvement opposé à celui des autres astres.

 

De même aussi Eudoxus, après avoir étudié l'astrologie en Egypte, s’est couvert d’une gloire éclatante par les connaissances utiles qu’il a rapportées dans sa patrie.

 

Les plus illustres statuaires anciens furent formés par les Egyptiens ; entre autres Téraclès, Théodore, les fils de Rhoecus, qui fabriquèrent à Samos la statue d’Apollon Pythius. Voilà ce qu’on lit dans Diodore » (Col. 868, l. 32-870, l. 20).

 

 

 

 

 

 

 

 

6.2° CELUI DE JOSEPHE,FLAVIUS (37-95)[23] OU DE LA REMISE DES GRECS A LA MODESTE PLACE QUI EST LA LEUR EN HISTOIRE, EN LETTRES ET EN PHILOSOPHIE

 

 « Tout est nouveau chez les Grecs … ce ne fut que fort tard et comme à grand peine que les Grecs eurent connaissance des lettres…’ »

 

PRELIMINAIRES

 

« Je suis d’abord grandement surpris d’entendre dire qu’au sujet des faits anciens il faut exclusivement s’en rapporter aux Grecs, comme étant seuls dépositaires de la vérité, et recevoir avec défiances nos histoires et celles des autres peuples.

 

Pour moi, je pense que l’on peut raisonner tout autrement, pour peu que l’on veuille éviter de se faire surprendre par de vaines opinions, et prendre les faits eux-mêmes pour base de ses jugements.

 

Vous trouverez, en effet, que tout est nouveau chez les Grecs ;  tout n’y date que d’hier, en quelque sorte, fondation des villes, invention des arts, établissement des lois…

 

DES HISTORIENS GRECS

 

« Les Grecs, de tous les peuples, sont celui qui s’est occupé le pus tard du soin d’écrire l’histoire. Ils conviennent que les Egyptiens, les Chaldéens et les Phéniciens (j’évite ici de parler de nous) sont ceux qui possèdent la tradition des faits passés la plus ancienne et le plus grand soin pour ne pas laisser s’altérer le souvenir des événements de leur histoire, chargeant les plus sages d’entre eux de les consacrer dans des monuments publics.

 

Au contraire, les nombreux fléaux qui ont désolé la Grèce ont détruit les souvenirs du passé. Les générations se renouvelant sans cesse, chacun s’imagine que le principe de toute chose ne remontait pas au-delà de sa propre existence.

 

Comment donc les Grecs ne seraient-ils pas taxés d’un fol orgueil, pour prétendre qu’eux seuls ils connaissent l’antiquité et en ont recueilli les véritables traditions ? Qui ne comprenait plutôt, en lisant leurs histoires, qu’ils n’ont rien raconté avec certitude, mais seulement d’après les conjectures que leur suggéraient les événements ?

 

Souvent même ils s’accusent les uns les autres dans leurs écrits, et ne rougissent pas de s’exprimer différemment sur les faits. Ce serait me donner une peine inutile que d’apprendre à ceux qui le savent mieux que moi, qu’Hellénicus diffère souvent d’Aculaüs dans le calcul des généalogies ; qu’Aculaüs corrige souvent Hésiode ; qu’Ephore a convaincu en quelque sorte de mensonge Hellénicus, dans la plupart de ses récits ; que Timée fait le même reproche à Ephore, à ceux qui l’ont suivi, et tous les autres de la Sicile, avec Anthiochus, Philiste et Callias. De même les historiens d’Athènes et d’Argos n’ont pu concilier leurs opinions en faisant le récit des événements de l’Attique et de l’Argolide. Mais pourquoi parler de faits secondaires qui se sont passés dans les villes, lorsque les auteurs les plus renommés se contredisent en racontant l’expédition des Perses ?

On reproche même à Thucydide un grand nombre d’erreurs, quoiqu’il semble avoir écrit avec le plus grand soin l’histoire de son siècle.

 

DES LETTRES GRECQUES

 

« Ce ne fut que fort tard, et comme à grand‘peine, que les Grecs eurent connaissance des lettres. Ceux qui veulent que l’usage en soit très ancien, se glorifient de les avoir reçues de Cadmus et des Phéniciens. Mais, depuis ce temps-là même, on ne peut montrer aucune trace d’écriture, conservée soit dans les monuments sacrés, soit dans les archives publiques ; et l’on est encore très incertain et très partagé sur le point de savoir si les guerriers qui combattirent contre Troie tant d’années après, connaissaient l’usage des lettres ; l’opinion de ceux qui pensent qu’ils ne se servaient pas de lettres comme nous le faisons aujourd’hui parait avoir prévalu.

 

On ne trouve chez les Grecs aucun écrit authentique, antérieur aux poèmes d’Homère, qui parut certainement après la prise de Troie. On prétend même que le chantre d’Achille n’a laissé aucune poésie écrite, mais qu’elles furent d’abord confiées à la mémoire des hommes, et, plus tard, consacrées par l’écriture.

 

C’est pour cela, ajoute-t-on, que les ouvrages d’Homère paraissent souvent inégaux. Ainsi, tous ceux qui, chez les Grecs, ont écrit l’histoire, Cadmus de Milet, Aculaüs d’Argos, et les autres qui les ont suivis, composèrent leurs ouvrages vers les temps de l’expédition des Perses contre la Grèce...

 

DES PHILOSOPHES GRECS

 

« Quant aux philosophes Grecs, qui les premiers, recherchèrent les causes des phénomènes célestes et de la nature de la divinité, comme Phérécyde, le Syrien, Pythagore et Thalès, tout le monde reconnait qu’ils furent instruits par les Egyptiens et les Chaldéens, et qu’ils ont très peu écrit.

 

Leurs ouvrages sont regardés par les Grecs comme ce qu’ils ont de plus ancien ; encore même ont-ils peine à croire que ces philosophes en soient réellement les auteurs...

 

DES CAUSES DES DESACCORDS ENTRE LES ECRIVAINS GRECS

 

« On pourrait, peut-être, en voulant y réfléchir, signaler plusieurs causes de … désaccord entre les écrivains grecs ; deux sources me paraissent avoir exercé plus d’influence. La première surtout me semble d’un grand poids. La voici : les Grecs, ayant négligé, dès le principe, de conserver dans des monuments publics le récit des faits dont ils étaient témoins, firent commettre des graves erreurs, et donnèrent occasion de se tromper à tous ceux qui voudraient ensuite écrire l’histoire des faits anciens. Ce ne fut pas seulement chez les autres Grecs que l’on négligea le soin de former des archives publiques ; on ne trouve rien de semblable, pas même chez les Athéniens, tant attachés à leur pays, tant passionnés pour les sciences.

 

Leurs plus anciens monuments de ce genre sont les lois de Dracon sur le meurtre ; et Dracon ne vivait que très peu de temps avant la tyrannie de Pisistrate (600-527). Qu’est-il besoin de parler des Arcadiens, qui se glorifient de leur antiquité, puisque plus tard encore ils connaissaient à peine l’usage des lettres ?

 

Ainsi, puisqu’on n’avait conservé aucun monument public, où celui qui voulait connaitre la vérité pût s’instruire et puiser les moyens de confondre le mensonge, il n’est pas surprenant que l’on voit régner entre tous les historiens la divergence la plus complète.

 

Ajoutons encore une autre cause. Ceux qui entreprirent d’écrire l’histoire ne s’attachèrent point à dire la vérité, quoiqu’ils ne cessassent de proclamer qu’elle seule inspirait tous leurs récits. Ils ne s’occupaient que du style et cultivaient exclusivement le genre où ils espéraient pouvoir l’emporter sur leurs rivaux.

 

Les uns ne racontaient que des fables, d’autres faisaient des éloges des villes et des princes ; quelques-uns même s’occupaient à contester les faits, à déchirer les historiens, comptant par là illustrer leur nom ; mais en adoptant de tels principes, ils ont méconnu de la manière la plus grave les règles essentielles de l’histoire ; car un des plus sûrs garants de la vérité historique, c’est que tous les auteurs parlent et écrivent sans se contredire des événements qu’ils racontent.

 

Enfin il en est qui ont cru inspirer plus de confiance, en s’écartant de tous les autres dans leur narration » (Col. 866-868, l. 24).

 

6.3° EXTRAIT DU TROISIEME LIVRE DE LA CHRONOLOGIE D’AFRICAIN[24]

 

« Jusqu’à l’institution des Olympiades[25], l’histoire, chez les Grecs, ne nous offre aucune certitude ; tous les faits y sont EXTRAIT DU TROISIEME LIVRE DE LA CHRONOLOGIE D’AFRICAIN[26]

confus, sans suite, sans harmonie. Les Olympiades dont se servirent la plupart des écrivains, fixant des époques très rapprochées, les faits vinrent naturellement se grouper dans ces périodes de quatre années. C’est pourquoi, recueillant seulement quelques-unes des fables les plus intéressantes que l’on raconte avant la première Olympiade, je passerai à la hâte tous ces faits imaginaires. Quant aux événements postérieurs, je rapporterai tous ceux qui offrent quelque intérêt, soit chez les Grecs, je l’exposerai en le développant, ou d’une manière succincte, faisant connaitre quels personnages chez les Grecs, chez les Perses, ou chez quelque autre peuple, furent contemporains de la nation des Hébreux. Peut-être, par là, pourrai-je atteindre le but que je me suis proposé… En procédant de cette manière, nous comparerons ensemble les autres histoires et nous tâcherons de montrer l’accord qui règne entre elles.

 

Pour les événements antérieurs, … l’on s’en rapporte aux calculs de la chronologie attique, depuis Ogygès[27], prince très estimé des Grecs, parce qu’il était originaire de leur pays (autochtone). 

 

D’après l’autorité de ce livre … nous affirmons qu’Ogygès, qui donna son  nom au premier déluge et fut sauvé des eaux dans lesquelles périrent plusieurs victimes, exista à l'époque où Moise fit sortir le peuple hébreu d’Egypte. Et voici notre raisonnement : ‘Depuis Ogygès jusqu’à la première Olympiade, on compte mille vingt ans ; depuis la première olympiade jusqu’à la première année de la cinquante-cinquième, qui correspond au commencement du règne de Cyrus et la fin de la captivité des Juifs, on compte encore deux cent-dix-sept ans, c’est-à-dire 1237 ans, depuis Ogygès jusqu’à Cyrus. Si maintenant, depuis la fin de la captivité, on remonte jusqu’à l’époque de la sortie d’Egypte, on trouvera également 1237 ans, intervalle qui sépare la cinquante-cinquième olympiade du temps où Ogygès fondait Eleusis. Nous pouvons donc appuyer nos calculs su la chronologie attique…

 

Tels furent les événements antérieurs à Ogygès. Ce fut de son temps que Moise sortit de l’Egypte avec le peuple hébreu, comme nous pouvons le démontrer.

 

Depuis la sortie d’Egypte jusqu’à Cyrus, qui mit fin à la captivité, s’écoulèrent 1237 ans. En effet, Moise, après son départ de l’Egypte, vécut 40 ans ; Jésus, après lui, gouverna les Hébreux 25 ans, ensuite le gouvernement des vieillards dura 30 ans ; tous les juges nommés dans le livre qui porte leur nom, occupent un espace de 490 ans ; les prêtres Héli et Samuel gouvernèrent les Hébreux pendant 90 ans, puis les rois pendant 490 ans ; vinrent ensuite les 70 années de la captivité, dont la dernière correspond au commencement du règne de Cyrus, comme nous l’avons déjà remarqué. Depuis Moise jusqu’à la première olympiade, il s’est écoulé 1020 ans ; et 1237 ans jusqu’à la première année de la cinquante-cinquième : notre chronologie s’accorde parfaitement avec celle des Grecs. Après Ogygès, à cause des ravages produits parle déluge, l’Attique resta sans roi jusqu’à Cécrops, l’espace de 189 ans ; car, d’après le témoignage de Philochorus,  c’est Actée, qu’on donne pour successeur Ogygès, et d’autres rois dont on a forgé les noms, n’ont jamais existé…

 

Nous devons remarquer que, si les Grecs, profitant des ténèbres qui couvraient l’antiquité, ont imaginé des fables quelque peu intéressantes, toutes elles sont postérieures à l’existence de Moise : je désignerai spécialement les déluges, les incendies, Prométhée, Io, Europe, l’enlèvement de Proserpine, les mystères, les Centaures, le Minotaure, la guerre d’Ilion, les travaux d’Hercule, l’Histoire des Hébreux à celle des Grecs, j’ai cru devoir fixer la chronologie du royaume d’Athènes ; ceux qui voudront suivre mes principes pourront établir leurs calculs d’après le système que j’ai proposé.

 

Ainsi, c’est dans la première des 1020 années qui s’écoulèrent depuis Moise et Orgygès jusqu’à la première olympiade, qu’il faut placer l’institution de la Pâque, la sortie d’Egypte et le déluge d’Ogygès qui désola l’Attique : on peut même en soupçonner la raison. Dieu, en effet, en châtiant les Egyptiens dans sa colère et faisant fondre sur eux des orages terribles, il est vraisemblable que ces fléaux s’étendirent à d’autres parties de la terre ; les Athéniens, d’ailleurs, étant une colonie d’Egypte, au rapport de Théopompe, furent probablement enveloppés dans les désastres de ce pays. Nous n’avons pas parlé des temps intermédiaires, parce que la Grèce ne fut alors que le théâtre d’aucun événement mémorable. Quatre-vingt-quatorze ans plus tard, suivant quelques auteurs, exista Prométhée, qui créa les hommes et les fit sortir de leur stupide

ignorance », (Col. 874-877).

 

 

6.4° EXTRAIT DE CLEMENT D’ALEXANDRIE

 

« Les barbares furent ingénieux à inventer les choses nécessaires à la vie … les Grecs ont profité de leurs découvertes ».

 

« On rapporte que la médecine fut inventée par l’Egyptien Apis et perfectionnée par Esculape. Atlas de Libye construisit le premier un vaisseau, et le premier vogua sur les mers.

 

L’astrologie fut révélée aux hommes par les Egyptiens et les Chaldéens. On dit cependant que les Carres savaient former des pronostics par l’inspection des astres. Les Phrygiens observèrent, les premiers, le vol d’oiseaux. Les Toscans, peuple voisin de l’Italie, cultivèrent avec succès l’art de la divination. Les Isauriens et les Arabes s’occupèrent des augures, et les Thelmissiens de l’explication des songes. La trompette fut inventée par les Tyrrhéniens, la flute par les Phrygiens ; car Olympe et Marsyas étaient de Phrygie. Les Egyptiens apprirent les premiers à se servir des lampes ; ils partagèrent l’année en douze mois, défendirent la prostitution dans les temples, et en interdirent l’accès à ceux qui, après avoir eu commerce avec les femmes, ne s’étaient pas purifiés.

 

On leur doit aussi l’invention de la géométrie. Telmis et Damnamenée découvrirent le fer dans l’île de Chypre. Délas, autre habitant de l’Ida, ou un Scythe, suivant Hésiode, s’imagina le premier de fondre l’airain. Les Scythes inventèrent la faux, instrument dont le tranchant est courbé. Les premiers, ils se servirent, même à cheval, du bouclier, qui était connu pareillement des Illyriens. On attribue la statuaire aux Toscans. Un Samnite, nommé Stanus, fut l’inventeur du grand bouclier. Le Phénicien Cadmus appris à tailler la pierre, et découvrit des mines d’or auprès du mont Pangée. Les habitants de la Cappadoce se servirent, les premiers, de l’instrument de musique appelé nabba ; on doit le Dichorde aux Assyriens. Les Carthaginois construisirent les premières galères à quatre rangs de rames, inventées par un de leurs concitoyens nommé Bosbarus. Médée de Colchide, fille d’Oeta, trouva le moyen de teindre les cheveux. Les Noropés (peuple de la Poenie que nous appelons aujourd’hui Noriques) apprirent à employer l’airain et à purifier le fer. Amycus, roi des Bébryces, inventa les cestes du pugilat. Olympe de Musie, en se livrant à la musique, perfectionna le mode lydien. Les Troglodytes furent les inventeurs de l’instrument appelé sambuque. On doit à un Phrygien, nommé Satyre, la flute traversière ; la trichorde ainsi que le mode diatonique à un autre Phrygien, appelé Agnès ; et l’art de faire vibrer les cordes à Olympe, également de Phrygie. Marsyas, leur compatriote, composa un mode nouveau par le mélange du phrygien et du lydien ; le Dorien est attribué à Thomiris, de Thrace. On dit que nous avons appris des Perses à fabriquer les chars, les lits et les escabeaux ; des Sidoniens, à construire les Trirènes. Les Siciliens, peuple voisin de l’Italie, inventèrent la harpe, qui ne diffère pas beaucoup de la Cythare, et apprirent à pincer les cordes de cet instrument. Il est rapporté que l’on commença à tisser les vêtements de lin, du temps de Sémiramis, reine d’Assyrie ; et suivant Hellanicus, Atosa, reine des Perses, fut la première qui écrivit des lettres.

 

Voilà ce que disent, au sujet des inventions humaines, Scammon de Mitylène, Théophrase d’Ephèse, Cydippe de Mantinée, Antiphane, Aristodème, Aristote, ainsi que Philostéphanès et Strabon le péripatéticien.

 

Nous avons rapporté ce petit nombre d’exemples pour montrer combien les Barbares furent ingénieux à inventer les choses nécessaires à la vie, et combien les Grecs ont profité de leurs découvertes ».

 

Voilà ce qui se trouve textuellement dans Stromates de Clément’. (Col. 864, l. 47-865, l. 57 a).

 

« Nous avons fait connaitre le caractère des Grecs en montrant qu’ils ont reçu de nous, ou plutôt qu’ils nous ont dérobé, si l’on peut s’exprimer ainsi, les vérités que nous avaient apprises les saintes Ecritures.

 

Montrons maintenant, pour attester leur propension au plagiat, qu’ils se sont pillés les uns les autres. En se dérobant respectivement leurs pensées, ils nous fournissent, comme malgré eux, une preuve certaine que, par un même penchant qu’ils ont beaucoup de peine à épargner les autres. Je ne parlerai point des doctrines philosophiques, puisque les chefs des différentes sectes reconnaissent avec franchise, pour n’être point accusés d’ingratitude, qu’ils ont reçu de Socrate les premiers principes de leur enseignement. Je citerai seulement comme témoins quelques auteurs très estimés chez les Grecs ; et, sans sortir de mon sujet, je montrerai que le plagiat leur était familier … (Col. 854, l. 9-31).

 

7. LA SYNTHESE D’EUSEBE

 

« Dans le dixième livre de la Préparation évangélique…, écrit Eusèbe de Césarée, nous avons prouvé, non par nos propres réflexions, mais par des témoignages, que l’on pourrait croire sans invraisemblance, que ‘les Grecs n’ont découvert par eux-mêmes aucun principe de la philosophie, et qu’à l’exception des grâces du langage et des charmes de l’éloquence, ils ont tout emprunté des Barbares’.

 

Nous avons démontré également, poursuit-il, qu’ils avaient connu les oracles des Hébreux et que, probablement, ils les avaient reproduits en plusieurs points ; d’autant plus que même par rapport à leurs propres ouvrages, ils n’avaient pas toujours conservé leurs mains pures de larcin ; nous avons constaté leurs plagiats, non encore par nos paroles, mais par les aveux de leurs écrivains.

 

Le rapprochement des époques nous a fait comprendre que les Grecs sont un peuple nouveau, et pour la science et pour l’âge, si on les compare aux Hébreux[28], dont l’histoire remonte aux siècles les plus reculés.

 

Telle a été la matière du livre précédent[29].

 

Nous nous proposons dans celui-ci de montrer, suivant la promesse que nous avons faite, que les ‘philosophes Grecs ont imité, sinon en tout, du moins en partie, l’enseignement dogmatique des Hébreux’.

 

Mais, écartant tous les autres, dont il serait superflu de parler, je m’attacherai à celui qui passe pour le coryphée de la philosophie ; et Platon seul nous fournira les preuves de notre démonstration.

 

Ayant effacé tous les autres par l’éclat de son génie, son témoignage sera suffisant pour éclairer cette discussion.

 

Si, cependant, nous avons besoin de jeter quelque lumière sur les opinions de ce philosophe, nous invoquerons le sentiment de ceux qui adoptèrent sa doctrine, et nous citerons leurs propres paroles, pour dissiper toute incertitude.

 

Au reste, ayez soin de remarquer que Platon, dans ses écrits, ne s’exprime pas toujours avec exactitude, quoique, le plus souvent, il ne s’écarte pas de la vérité : nous en donnerons la preuve en son lieu, non pour obscurcir la gloire de ce grand homme, mais pour répondre au reproche que l’on nous fait d’avoir préféré la philosophie des Barbares à celle des Grecs ». (Col. 889).

 

 

 

 

 

8.

 

LES GRECS CONVAINCUS DE PLAGIAT : UN EXTRAIT DU PREMIER LIVRE DE PORPHYRE[30] SUR L’ART D’ECOUTER

 

« Etant à Athènes, je fus invité à un festin que Longin célébrait pour honorer la mémoire de Platon. Au nombre des convives se trouvaient Nicagoras le sophiste, Méoras, Apollonius le grammairien, le péripatélicien Prosenès, et le stoicien Cliétès. Longin occupait la septième place pendant le repas, une discussion s’engagea sur le mérite d’Ephore. Ecoutons, s’écria notre hôte, quel vacarme au sujet d’Ephore ! …

 

La lutte s’était engagée entre Caiustrius et Maxime. Celui-ci le préférait même à Théopompe. Caiustrius accusait Ephore de plagiat. Qu’a-t-il donc publié, disait-il, qui lui appartienne en propre ? Ne sait-on pas qu’il s’est approprié trois mille vers de Mémaque, de Callisthènes, d’Anaximenès, et qu’il les a reproduits textuellement dans ses ouvrages ?

 

Apollonius le grammairien lui répondit : ‘Ignorez-vous que Théopompe auquel vous donnez la préférence fut atteint de la même maladie ? Il a reproduit mot pour mot, dans le Onzième livre de son histoire de Philippe, ces réflexions d’Isocrate l’Aréopagitique : Il n’est aucun bien ni aucun mal qui arrive à l’homme de soi-même … etc. … cependant, il méprise Isocrate, et il prétend avoir vaincu son maitre dans le combat établi en l’honneur de Mausole. Souvent, dans ses plagiats, il dénature les faits, attribue aux uns ce qu’ont fait les autres, se servant encore de ce nouveau moyen pour tromper. Ainsi, Andron, dans son livre du Trépied, parlant des prédictions de Pythagore, raconte que ce philosophe, se trouvant à Métapompe, eut soif, et ayant puisé de l’eau dans un puits, il prédit, après avoir bu,

un tremblement de terre qui devrait arriver trois jours plus tard …’. Après d’autres détails, l’auteur continue :

 

‘Théopompe avait dérobé à Andron tout ce que celui-ci avait raconté de Pythagore. Mais, comme on eût facilement découvert le larcin s’il avait nommé Pythagore et qu’on se fût écrié : ‘Un tel avait déjà dit cela’ il a rendu le plagiat manifeste, en changeant le nom du personnage ; il s’est emparé des faits et les a raconté d’un autre. Il attribue cette prédiction à Phérécyde le Syrien ; et, pour mieux déguiser la fraude, non seulement il a changé le nom de l’acteur mais aussi le lieu de la scène. Les paroles prononcées à Métapompe, suivant le récit d’Andron, le furent en Syrie, d’après Théopompe. Le navire ne fut point aperçu de Mégare en Sicile, mais de Samos ; c’est aux Messéniens qu’il attribue la ruine de Sybaris ; et afin sans doute d’ajouter quelque circonstance intéressante, il indique le nom de l’hôte, qu’il appelle Périlaus’.

 

‘Et moi, dit Nicagoras, j’ai lu son histoire grecque et celle de Xénophon, et j’ai remarqué qu’il a fait beaucoup d’emprunts à celui-ci ; encore a-t-il gâté ce qu’il a pris. Ainsi, l’entrevue de Pharnabaze et d’Agésilas, qui fut ménagée par les soins d’Apollophane de Cyzique, et l’entretien de ces deux guerriers, que Xénophon raconte dans le quatrième livre de son histoire avec tant de grâce et de dignité, Théopompe les a insérés dans le Onzième livre de la sienne ; mais son récit est lâche, sans énergie, sans vigueur. Pour déguiser son plagiat, il a voulu faire parade de son éloquence, et prodiguer toute la pompe de sa diction ; par là il s’est montré lourd, trainant, semblable à un homme dont la marche est pénible, et il a détruit ce qu’il y avait d’âme et de vivacité dans le récit de Xénophon’.

 

Lorsque Nicagoras eut cessé de parler, Apollonius reprit : ‘Pourquoi nous étonner que Théopompe et Ephore, auteurs d’une intelligence si pesante, se soient rendus plagiaires, lorsque nous voyons Ménandre lui-même travaillé de cette manie ? Le grammairien Aristophane, qui lui était trop affectionné, l’en a repris bien doucement, en comparant cet auteur avec ceux qu’il mettait à contribution. Mais Latinus, dans le livre qu’il a composé sur les ouvrages attribués faussement à Ménandre, a rempli un livre entier des larcins de Sophocle. Cécilius, comme s’il eût découvert quelque chose d’important, assure que tous le drame d’Antiphane, qui a pour titre l’Augure, a été reproduit depuis le commencement jusqu’à la fin par Ménandre dans sa comédie du Superstitieux’.

 

Puisqu’il vous a passé par l’esprit, dit Longin, je ne sais comment, de faire connaitre les plagiaires, je dois dénoncer moi-même le charmant Hypéride, qui a beaucoup emprunté à Démosthène dans son discours contre Diondas, et dans celui qu’il a composé sur les présents d’Eubule. Il est évident que l’un a profité des ouvrages de l’autre ; mais comme ils étaient contemporains il nous serait impossible de découvrir le plagiaire en comparant les époques. Pour moi, je soupçonne beaucoup Hypéride. Mais, en supposant que l’auteur du larcin reste inconnu, j’admire Démosthène, s’il s’est arrogé les pensées d’Hypéride ; car il a bien perfectionné ce qu’il a appris ; mais je blâme Hypéride, s’il est le plagiaire ; car il dénature ce qu’il emprunte à Démosthène. Vous dirai-je encore que l’ouvrage d’Hellénicus sur les Mœurs Barbares n’est qu’une compilation de ceux d’Hérodote et de Damase ? Ou qu’Hérodote lui-même, dans son deuxième livre, a souvent profité de la narration d’Hécatée de Milet, qu’il copie textuellement, ayant soin pourtant d’y faire quelques légers changements, comme lorsqu’il parle du phénix, de l’hippopotame et de la chasse des crocodiles ? Et même que Demosthène avant eux avait presque exprimé les mêmes pensées dans sa harangue contre Onétor ? Ou que Dinarque, dans son discours sur les violences de Cléomédon, a reproduit mot pour mot plusieurs passages de celui de Démosthène sur les violences de Conon ? Dois-je vous rappeler que cette pensée d’Hésiode, ‘L’homme ne peut recevoir en partage aucune chose meilleure qu’une bonne femme, ni pire qu’une mauvaise’.

 

Euripide exprime la même idée dans la tragédie qui a pour titre Ménalippe captive :

 

‘Rien n’est pire qu’une mauvaise femme ; mais la nature n’enfante rien de plus excellent qu’une bonne femme. Aussi, leurs caractères sont bien opposés’.

 

Euripide avait dit :

 

‘Nous autres femmes nous sommes la plante la plus malheureuse’.

 

Théodecte s’exprime ainsi dans l’Alcméon :

 

‘C’est un propos répété communément parmi les hommes, qu’il n’y a pas de plante plus malheureuse que la femme’.

 

Ainsi, non content de prendre l’idée, il l’a rendue par les mêmes termes ; seulement par un tour perfide, il la reproduit comme un  proverbe usité plutôt que de reconnaitre l’auteur qui la lui a fournie …

 

Après quelques observations, ‘Vous avez dénoncé les autres plagiaires, dit Prosènes, mais vous n’avez point dit que le divin Platon dont cette fête honore la mémoire, a profité souvent des écrits de ses devanciers ; car je n’ose employer le nom de plagiat en parlant d’un si grand homme. Que dites-vous, reprit Calliétès ? Non seulement je le dis mais je le pense. Les livres des auteurs qui ont précédé Platon sont rares ; Peut-être trouverait-on un grand nombre d’emprunts faits par ce philosophe. J’en ai découvert quelques-uns par hasard.

 

En lisant le traité de Protagoras sur l’Etre, j’ai vu qu’il emploie les mêmes arguments pour réfuter ceux qui soutiennent l’unité de l’Etre ; j’ai eu soin de graver dans ma mémoire jusqu’aux expressions de ce passage. Prosènes confirme son assertion par de nombreux exemples.

 

Je pourrais m’étendre longuement sur ce sujet ; mais les témoignages, qui précèdent, suffiront pour faire comprendre quel fut le caractère des écrivains grecs, et montrer qu’ils ne s’épargnèrent point les uns les autres … », (Col. 855, l. 61-859, l. 27a).

9.

 

SUR LA CONFORMITE DE LA PHILOSOPHIE DE PLATON AVEC CELLE DES HEBREUX

 

PREAMBULE

 

« Platon divise l’enseignement philosophique en 3 parties : la physiologie (ou la physique), la morale et la logique. La physiologie ou la physique embrasse la théorie des objets sensibles et la connaissance des êtres corporels. Or vous trouverez chez les Hébreux ces trois branches de la philosophie ; car ils avaient enseigné les mêmes principes longtemps avant l’existence de Platon. Nous devons d’abord entendre ce philosophe, et nous exposerons ensuite la doctrine des Hébreux.

 

Pour faire connaître les opinions de Platon, j’invoquerai le témoignage de ceux qui les adoptèrent . Je vais d’abord  citer Atticus, l’un des plus illustres platoniciens.

 

Voici comment il développe la doctrine de son maître dans un ouvrage où il réfute ceux qui veulent expliquer la philosophie de Platon ar celle d’Aristote ». (Col. 889, l. 59-890, l. 16).

 

9.1. DE LA DIVISION DE LA PHILOSOPHIE

 

1. POINT DE VUE DE PLATON

 

1° EXTRAIT D’ATTICUS

 

« La philosophie toute entière se divise en trois parties, la morale, la physiologie (ou la physique) et la dialectique.

 

La première a pour but de nous rendre meilleurs et plus vertueux ; de maintenir l’union et le bonheur dans les familles, comme aussi de donner aux peuples les loisz les plus sages, le gouvernement le plus parfait.

 

La seconde nous fait connaître la divinité, cause et principe de toutes choses, ainsi que les êtres qui découlent de sa puissance, et dans l’ensemble, suivant Platon, forme l’objet de l’histoire naturelle.

 

Enfin, la troisième partie nous dirige dans l’étude et la discussion des deux autres.

 

Que Platon ait recueilli les principes de philosophie épars avant lui et sans consistance, comme les membres de Penthée, suivant la comparaison d’un auteur ; qu’il les ait rapprochés, réunis, pour en faire un tout régulier, un corps véritable de philosophie, c’est ce que personne ne peut révoquer en doute.

 

En effet, Thalès, Anaximène, Anaxagore et tous les philosophes de leur temps, ne s’appliquèrent qu’à l’étude de la nature. On ne peut ignorer que Pittacus, Périandre, Solon, Lycurgue et tous ceux qui les imitèrent, firent consister leur philosophie dans la connaissance du gouvernement. Il n’en est pas moins certain que Zénon et toute l’école d’Elée s’occupèrent plus spécialement de la dialectique.

 

Venant après tous ces philosophes, Platon, que la nature avait formé de ses propres mains et comblé des dons les plus excellents, Platon, envoyé, pour ainsi dire, par la divinité pour recueillir les doctrines éparses des la philosophie, ne négligea aucun effort pour arriver à son but. Il embrassa la science toute entière, n’omettant rien d’essentiel, rejetant toute discussion inutile. Puis donc que nous avons dit que la philosophie platonicienne est divisée en trois parties, la physiologie, la morale et la dialectique, parlons de chacune en particulier. Ainsi s’exprime Atticus ». (Col. 890, l. 22-891, l. 5).

 

2° EXTRAIT D’ARISTOCLES SUR LA PHILOSOPHIE DE PLATON

 

« Si jamais personne enseigna la philosophie avec talent et avec gloire, ce fut Platon. Les disciples de Thalès ne se livrèrent qu’à l’étude de la nature ; les pythagoriciens enveloppèrent de ténèbres toutes les connaissances humaines ; frappèrent les philosophes de vertiges, sans ne leur procurer aucun avantage réel. Socrate lui-même, comme on dit et comme le disait Platon, Socrate ne fit qu’ajouter du feu au feu. Ayant reçu de la nature un esprit pénétrant, habile à soulever des questions sur toutes sorte de matières, il excita de nouvelles discussions sur la morale et la politique, et s’efforça le premier à découvrir la nature des idées. Mais, après avoir fait naitre tant de disputes, provoqué tant de recherches, il fut arrêté tout à coup par la mort.

 

D’autres, s’attachant à une branche de la science, la cultivèrent exclusivement ; ceux-ci la médecine, ceux-là les mathématiques ; quelques-uns la poésie ou la musique : la plupart épris par les charmes de la parole, ambitionnèrent le titre d’orateur ou celui de logiciens.

 

Pour les disciples de Socrate, ils professèrent des opinions diverses et se combattirent les uns les autres. Ceux-ci envièrent la grossièreté et l’apathie d’une vie cynique, ceux-là ne soupirèrent qu’après la volupté ; les uns se vantaient de connaitre tout, d’autres prétendaient qu’ils ne savaient rien.

 

On en voyait qui se mêlaient à la foule, qui voulaient vivre au milieu du monde, se perdre dans la multitude : il y en avait, au contraire, que vous n’eussiez pu jamais ni entretenir, ni aborder.

 

Mais Platon, connaissant que la science de la divinité et celle de l’homme doivent se confondre, partit le premier de ce principe, et déclara que la philosophie devait d’abord s’occuper de la nature des êtres, puis diriger la vie morale de l’homme, et tracer enfin les règles de raisonnement. Il pensait que celui-là ne peut pas se former des idées justes sur les choses humaines, qui n’à point d’abord arrêté ses regards sur la nature de Dieu. Comme des médecins lorsqu’un membre est malade prennent le soin de guérir le corps entier, de même celui qui veut pénétrer la nature de l’homme, doit commencer par étudier celle de ce grand tout dont l’homme n’est qu’une faible partie.

 

Il disait aussi qu’il existe deux sortes de bien, l’un qui est nôtre, l’autre qui est celui de la nature ; que le dernier est supérieur au précédent qui n’existe que par lui.

 

Le musicien Aristoxènes prétend que cette idée était venue de l’Inde. Socrate ayant rencontré dans Athènes un Indien qui lui demanda en quoi consistait sa philosophie, répondit qu’elle consistait dans l’examen de tout ce qui intéresse la vie humaine. Alors, l’étranger se prit à rire en disant qu’on ne pouvait pas comprendre la nature de l’homme quand on ignorait celle de Dieu.

 

Ce récit est-il exact ? C’est ce que  ne pourrait éclaircir aucune discussion. Toujours est-il que Platon divisa la philosophie en trois branches, celle qui traite de la nature entière, la science du gouvernement et de la logique.

 

Puisque telle est la philosophie de Platon, il est temps de montrer que les Hébreux, longtemps avant lui, avaient professé la même doctrine. En effet, vous reconnaitrez en nous suivant dans cette discussion, qu’ils ont également divisé cette science en trois parties : la morale, la logique et la physiologie (la science de la nature) », (Col. 891, l. 15-892, l. 20).

 

 

 

 

2. POINT DE VUE DES HEBREUX

 

1° EXTRAIT SUR LA MORALE DES HEBREUX

 

« Si vous jetez un regard sur l’histoire des Hébreux, vous verrez qu’ils ont cultivé la morale avant toute autre science, et bien plutôt par les actions que par leurs discours.

 

En effet, ils ont embrassé avec la plus vive ardeur, comme la fin de tout bien, comme le terme de toute vie bienheureuse, la religion et l’amour de Dieu, fondé sur l’innocence des mœurs.

 

Ainsi, ils n’ont placé le bonheur ni dans la volupté comme Epicure, ni dans les trois sortes de biens dont parle Aristote, qui assimile ceux du corps et de la fortune aux trésors de l’âme, ni dans cette incertitude, cette ignorance absolue que d’autres ont décorée du beau nom d’hésitation (epochè), ni même dans la vertu de l’âme : car, par elle seule, que servirait-elle aux hommes ? Comment pourra-t-elle, sans la pensée de Dieu, dissiper les chagrins de la vie ? C’est pourquoi, s’attachant à l’espérance en Dieu comme à un câble que rien ne peut rompre, ils ont proclamé qu’on ne pouvait être heureux que par l’amour de Dieu. Car, en effet, Dieu étant le  principe de tous les biens, l’auteur de la vie, la source de la vertu même, le dispensateur de tous les avantages du corps et de la fortune, il suffit à l’homme pour trouver le bonheur, d’aimer Dieu et de l’honorer par un culte solide et sincère.

 

Voilà pourquoi Moise, si rempli de sagesse, a consigné dans ses écrits la vie des anciens Hébreux qui s’étaient rendus recommandables par la piété ; exposant dans sa narration la forme de leur gouvernement et leur genre de vie. Dès le commencement il jette les fondements de sa doctrine et nous offre Dieu comme le principe de toutes choses, en nous racontant la création du monde et de celle d e l’homme. Puis, venant à l’application de ces idées générales, il rappelle le souvenir des anciens Hébreux pour inspirer à ses lecteurs le désir d’imiter leurs vertus et leur religion.

 

De plus, en s’annonçant comme l’auteur des lois religieuses qu’il publie, il nous rend évidente l’étude attentive qu’il a faite des règles de piété et des préceptes de la morale …

 

Il serait trop long de rappeler tous les prophètes qui suivirent Moise, et les enseignements qu’ils adressèrent aux Juifs pour les porter à la vertu et à les détourner du vice.

 

Que serait-ce donc si je vous rapportais tous les préceptes moraux de Salomon, le plus sage des hommes. Il les a exprimés en termes familiers sous le nom de Proverbes, renfermant chaque précepte dans une courte sentence qui a forme d’apophtegme.

 

Ainsi, les Hébreux furent instruits de la morale par leurs pères avant même que les Grecs en eussent connu les premiers éléments ; et ils communiquèrent généreusement ce qu’ils savaient à tous ceux qui avaient des rapports avec eux ». (Col. 892, l. 25-893, l. 20). 

 

2° SUR LA DIALECTIQUE DES HEBREUX

 

PREAMBULE

 

« Pour ce qui regarde la logique …, les Hébreux ne la firent point consister, comme les Grecs, dans des raisonnements captieux, dans des sophismes inventés pour déguiser le mensonge, mais dans la recherche active de la vérité …

 

Si quelqu’un veut connaitre toute les questions … avec leur solution … ainsi que cette logique pratique … qu’il prenne leurs écritures, qu’il les lise avec réflexion et son esprit sera satisfait.

 

Mais si ses connaissances lui permettent de comprendre les beautés de la langue hébraïque, il trouvera même chez les Barbares des hommes éloquents qui ne le cèdent en rien dans leur langage, ni a aux rhéteurs, ni aux sophistes de la Grèce …

 

Au reste, vous pourrez juger de la logique des Hébreux par l’exactitude avec laquelle ils déterminaient leurs noms. Platon lui-même rend ici témoignage aux Hébreux, et s’accorde parfaitement sur ce point avec la philosophie qu’ils professaient, comme on le verra par ce qui suit », (Col. 893, l. 34-894, l. 33).

 

3. DE L’EXACTITUDE DE LA FORMATION DES NOMS CHEZ LES HEBREUX

 

« Moise, longtemps avant que le nom de philosophie fût connu des Grecs, avait parlé souvent dans son histoire de la désignation des noms ; tantôt donnant à ceux qui l’environnaient des surnoms puisés dans leur caractère : tantôt s’adressant à Dieu pour savoir comment il devait appeler des hommes recommandables par leur religion : car il avait compris que la      nature seule et non la volonté des hommes doit déterminer le nom de chaque chose.

 

Platon se conforme entièrement aux principes de Moise, et reconnait en cela un usage suivi par les Barbares ; voulant sans doute parler des Juifs, puisqu’on ne rencontre la même coutume chez aucun autre peuple barbare. Voici ce qu’il dit dans le Cratyle : ‘Le vrai nom n’est point celui que quelques hommes conviennent de donner aux objets en réunissant plusieurs syllabes de leurs langues ; la nature elle-même nous prescrit une propriété de termes qui est la même chez les Grecs et chez les Barbares’.

 

Et plus loin :

 

‘Vous devez donc penser que tous ceux qui imposent des noms, soit chez nous, soit chez les Barbares, méritent partout la même estime, partout, pourvu qu’ils aient assigné les noms qui conviennent aux objets, quelles que soient les syllabes, dont ils les composent’.

 

Appelant ensuite celui qui connait l’exactitude des termes dialecticien, inventeur de noms, Platon continue :

 

‘C’est assurément l’ouvrage d’un charpentier, de fabriquer le gouvernail d’après l’ordre du pilote, si celui-ci veut avoir un bon gouvernail.

 

‘Sans doute.

 

‘Il me semble donc qu’un législateur qui veut imposer des noms doit consulter un dialecticien qui les lui indiquera : autrement il court le risque de se tromper.

 

‘C’est vrai.

 

‘Avouez donc, Hermogène, que la désignation des noms n’est pas une chose frivole comme vous le pensiez, et qui puisse être faites par des hommes frivoles ou par le premier venu, et   Cratyle a raison de dire que la nature a déterminé le nom des choses ; qu’il n’appartient pas à tout le monde de se faire fabricant de noms, mais à celui-là seulement qui, ayant quel nom la nature donne à chaque objet, sait le convertir en lettres syllabes’.

 

Ainsi s’exprime Platon. Puis, après d’autres détails, il rappelle encore le souvenir des Barbares, et reconnaît franchement que ce sont eux qui ont transmis aux Grecs la plupart des noms. Il dit :

 

‘Je pense que les Grecs et tous ceux qui ont été soumis aux Barbares leur ont emprunté beaucoup de noms.

 

‘Que suit-il de là ?

 

‘Que, si quelqu’un, pour détermine l’exactitude des noms, consulte la langue grecque, et non celle d’où ils ont pris leur origine, il tombe dans un embarras que vous devez comprendre.

 

‘Assurément.’

 

Voilà ce que dit Platon : mais il avait été devancé par Moïse, aussi profond dialecticien que sage législateur. Ecoutez les paroles de l’historien hébreu :

 

‘Dieu ayant formé de limon tous les animaux de la terre et tous les oiseaux du ciel, les amena en présence d’Adam, pour qu’il vît quel nom il leur donnerait. Et le nom qui fut donné par Adam à chaque être vivant était son véritable nom.

 

Or, que signifient ces mots, ‘était son véritable nom’, sinon que les dénominations imposées aux animaux étaient celles qu’exigeait leur nature ? L’auteur nous fait entendre que toute chose primitivement avait un nom dans la nature ; que ce nom était antérieur à son existence, et que le premier reçut, par une inspiration divine, le pouvoir d’assigner leurs noms aux êtres qui devaient les porter.

 

Le nom même d’Adam, dont l’origine est hébraïque, signifie dans Moise ‘l’homme né de la terre’ ; c’est qu’en effet, la terre, en hébreu, est appelée Adam ; et l’historien a eu raison de nommer ainsi le premier homme, qui en avait été formé. On peut cependant donner à ce mot un autre sens et le traduire par rouge ; ce qui s’appliquerait à la nature du corps humain.

 

Ainsi les Hébreux, lorsqu’ils veulent désigner l’homme pétri et formé de limon, l’homme terrestre, l’homme esclave du corps et de la chair, le nomment Adam. Mais ils servent du mot Enoc, lorsqu’ils parlent de l’homme intelligent, qui diffère par sa nature du terrestre Adam. Le mot Enoc peut aussi recevoir un sens particulier : traduit en notre langue (le grec) il signifie oublieux (epilesmôn). C’est ce qui  est naturellement arrivé à notre intelligence, enchainée à un corps mortel et irraisonnable. En effet, un être pur, incorporel, divin, raisonnable, non seulement se rappelle le passé, mais aussi pénètre dans l’avenir par la vive activité de son intelligence. Un être, au contraire, plongé dans la chair, comprimé par les nerfs et les os, accablé sous le poids du corps comme sous une masse écrasante, se traine dans l’ignorance et dans l’oubli ; et les Hébreux eurent raison de le flétrir du terme Enoc, qui marque son abrutissement. Ainsi, nous lisons dans un prophète : ‘Qu’est-ce que l’homme pour que vous vous souveniez de lui ? Qu’est-ce que le fils de l’homme, puisque vous daigniez le visiter ?’(Ps. VIII).

 

Dans le texte hébraïque, au mot homme, que renferme le premier membre de cette phrase, est substitué le terme Enoc. Comme si le prophète disait avec plus d’énergie : ‘Qu’est-ce que cet être oublieux, pour que vous daigniez, ô mon Dieu, vous souvenir de  lui, malgré son indifférence ?’ Dans le membre suivant, ‘qu’est-ce que le fils de l’homme pour que vous daigniez le visiter ?’ Les Hébreux disent ‘le fils d’Adam’. Adam et Enoc désignent le même être : mais Adam, c’est l’homme charnel ; Enoc, l’homme de la raison. C’est ainsi que les livres sacrés expliquent l’étymologie de ces  noms.

 

Platon prétend que le mot homme (anthrôpos), chez les Grecs, dérivé » d’anathrein (contempler). Quand l’homme a vu quelque objet (les Grecs disent ‘opôpe’, il a vu, vidit, en latin), il le contemple, il s’en rend compte ; de sorte que l’on peut dire qu’il contemple ce qu’il a vu (anathrôn a opôpe) ; d’où s’est formé anthrôpos).

 

Les Hébreux … désignent l’homme (le mâle) par le mot Is, dérivé de Es, feu ; comme pour faire entendre que la nature de l’homme est pleine d’ardeur et de lumière. La femme … est appelée Issa.

 

Suivant Platon, le nom de l’homme, anèr, est formé d’anôroèn, et signifie écoulement supérieur. Pour la femme, dit-il encore, je pense que son nom (gunè) vient de gonè (fœtus aut semen)…(Plus loin, Eusèbe invoque le témoignage de Platon, qui déclare que parmi les noms quelques-uns ont été inspirés par une vertu divine et supérieure au pouvoir de l’homme’. C’est ce qu’attestent en plusieurs endroits les Saintes Ecritures des Hébreux …

 

Le nom même que porte ce peuple dérive de heber, qui signifie « passage ». Il leur fait comprendre qu’ils doivent détacher leurs cœurs de la terre pour les diriger vers les choses divines, sans se laisser éblouir par le spectacle des objets sensibles ; mais au contraire, échapper à leur influence pour étudier la nature du Dieu sublime et mystérieux qui a créé et gouverne cet univers. Ainsi les premiers hommes qui s’attachèrent à l’Etre suprême, principe universel de toute chose, et qui lui offrirent les sentiments d’une piété pure et sincère, furent appelés Hébreux, comme si on disait, voyageurs et passagers par la pensée …

 

Moise signifie « rire » ; c’est comme le symbole de la joie ineffable que Dieu donne en récompense à ceux qu’il aime. Israël, son fils, qui d’abord été appelé Jacob, reçut de Dieu le nom d’Israël, lorsqu’il passa de la vie active et laborieuse à la vie contemplative ; Jacob peut se traduire par indompté, c’est-à-dire ardent à embrasser le combat de la vertu ; Israël signifie voyant Dieu comme qui dirait un esprit enclin aux sublimes contemplations…

 

Mais pourquoi m’arrêtai-je à recueillir de nombreux témoignages, pour prouver que les Hébreux ont fait preuve d’exactitude et d’intelligence dans l’imposition des noms ?

 

Ce sujet demanderait une discussion particulière. Cependant, pour parler sans détour, je crois avoir dit assez pour connaitre combien les Hébreux étaient versés dans l’art du raisonnement. Car, si d’après Platon, il n’appartient point à des hommes frivoles, aux premiers venus, mais à un législateur sage et profond logicien, de déterminer les noms que la nature assigne aux différents êtres ; puisque nous avons montré ce talent dans Moise et les autres écrivains sacrés, que nous reste-t-il à faire, sinon de rechercher quels progrès ont fait les Hébreux dans l’étude de la nature ? » (Col. 894, l. 39-899, l. 36).

 

4. SUR LA PHYSIQUE DES HEBREUX

 

PREAMBULE

 

« Cette troisième partie de leur philosophie embrassait un double objet, la contemplation des êtres immatériels qui ne peuvent être conçus que par la raison et la connaissance des êtres physiques, qui tombent sous nos sens. Les prophètes, ornés de tous les genres de perfections, étaient très versés dans ces sciences philosophiques, et savaient les répandre à propos dans leurs écrits. Mais, ce n’était ni par les conjectures, ni par les réflexions d’un esprit mortel qu’ils avaient été instruits ; ils n’avaient point eu pour maitres des hommes ; éclairés par l’esprit de Dieu, ils faisaient hommage de leurs connaissances à l’inspiration supérieure, qui en avait été le principe. Voilà pourquoi ils ont publié tant d’oracles sur les événements futurs et nous ont transmis des réflexions si profondes sur la nature de l’univers.

 

Souvent aussi ils s’occupèrent à décrire les mœurs des animaux, et il n’est pas une seule de leurs prophéties qui ne nous offre quelques détails intéressants sur les plantes.

 

Moise aussi, qui connaissait toutes les propriétés des pierres précieuses, en parle très sciemment dans la description qu’il fait des habits du grand prêtre.

 

Quant à Salomon, l’écriture rend témoignage qu’il a surpassé tous les autres dans l’étude des sciences naturelles, elle dit de lui : ‘Salomon composa aussi trois mille paraboles ; ses poésies sont au nombre de cinq mille. Il disserta sur les arbres depuis le cèdre qui couvre le Liban, jusqu’à l’hysope qui prend racine sur la muraille.  Il parla des troupeaux, des oiseaux, des reptiles et des poissons. On venait de tous les pays pour entendre la sagesse de Salomon, et il reçut les présents de tous les rois de la terre qui étaient venus recueillir les leçons de sa sublime sagesse’ », (II Rois, IV). (Col. 899, l. 32b-900, l. 3a).

 

5. SUR LES IDEES DE MOISE

 

1° EXTRAIT DE PHILON[31]

« Si quelqu’un veut employer l’expression véritable, il doit

dire que le monde n’est rien d’autre que le Verbe du Dieu créateur. Une ville conçue n’est-elle pas la raison de l’architecte qui dispose dans son esprit le plan de la cité qu’il veut bâtir. Ce n’est point ma doctrine que j’annonce, mais celle de Moïse. Après avoir raconté la création de l’homme, il déclare sans hésiter que l’homme a été à l’image de Dieu (Gen., I).

 

Or si une partie un  monde visible n’est que l’image d’une image, ce monde tout entier sera l’expression de l’image entière ; car l’initiation d’un modèle divin est assurément plus parfaite que celle d’une image humaine. Ainsi le sceau archétype que nous appelons conception du monde, est réellement un modèle, l’idée archétype des idées, le Verbe de Dieu (O Theou Logos).

 

Moïse dit que, dans le commencement Dieu créa le ciel et la terre. Par commencement, il n’entend pas, comme plusieurs le pensent, le commencement du temps ; car avant le monde le temps n’existait pas ; il n’a commencé qu’avec ou après lui. En effet, comme le temps se mesure par le mouvement du monde, et que le  mouvement ne pouvant être conçu avant la chose qui en est affectée, possible que le temps soit antérieur au monde ; il date de la même époque ou d’une époque plus récente.

 

On ne peut soutenir le contraire sans blesser les principes d’une saine philosophie. Mais si le commencement ne peut être compris du temps, il est probable qu’il exprime l’ordre ou le nombre, de sorte que ces mots, il créa le ciel au commencement, signifieront il créa d’abord le ciel.

 

L’auteur dit ensuite : « Dieu créa d’abord un ciel incorporel, une terre invisible, ainsi que l’idée de l’air et du vide. Le premier fut appelé ténèbres, parce que l’air de sa nature est noir ; l’autre abîme, à cause de son immensité et de sa profondeur. Il créa aussi l’essence immatérielle de l’eau et du vent. Enfin, le septième jour, qui lui aussi était incorporel, il conçut le modèle du soleil et de tous les astres qui devaient éclairer la voûte du ciel. Dieu honora d’une distinction spéciale le vent et la lumière.

 

Le vent fut nommé par lui « souffle de Dieu », parce que souffle entretient la vie et que Dieu est auteur de la vie. La lumière conçue par l’intelligence est d’autant plus brillante et radieuse que la lumière visible, que le soleil l’emportant sur les ténèbres, le jour sur la nuit, l’esprit vif et pénétrant sur les yeux grossiers du corps. Cette lumière invisible, que l’on pourrait appeler avec justice la lumière universelle, puisqu’il fournit l’éclat et la splendeur qui leur convient, au soleil et à la lune, aux étoiles fixes et aux planètes. Mais cette lumière si pure s’altère et s’obscurcit à mesure qu’elle devient visible ; car il n’y a rien de parfait dans les êtres qui frappent nos sens.

 

L’auteur ajoute encore après quelques développements : ‘Dès que la lumière fut créée et que les ténèbres eurent fui devant elle, des limites marquèrent l’intervalle qui devait les séparer : le soir et le matin déterminèrent comme par le créateur qui ne dit pas premier jour, mais l’unique jour, à cause du monde intelligible qui est un par sa nature.

 

Ainsi le monde incorporel était entièrement accompli dans le Verbe divin, lorsque le monde sensible fut formé sur ce modèle. Dieu créa d’abord le ciel qui est la partie principale du monde, et l’appela fort à propos firmament, parce que de sa nature il est corporel, et que le corps est une substance ferme, solide et divisible.

 

Quelle idée, en effet, peut-on se former d’un corps, sinon qu’il est solide et sujet à la dissolution ?

 

Dieu eut donc raison pour opposer le monde corporel et sensible au monde incorporel et intelligible, d’appeler celui-là firmament’. Ainsi parle Philon. Clément  s’exprime de même au sixième livre de ses Stromates ». (Col. 921, l. 4-922, l. 30).

 

2° EXTRAITS DE CLEMENT D’ALEXANDRE

 

« La philosophie des Barbares a reconnu l’existence d’un  monde intelligible et d’un monde qui frappe les sens ; le premier est l’archétype, l’autre l’image de cet admirable modèle. Elle attribue celui-là à l’unité, parce qu’il ne peut être conçu que par la raison ; celui-ci au nombre de six, parce qu’il tombe sous nos sens. Ce nombre est appelé union (gamos) par les pythagoriciens à cause de sa fécondité.

 

Les Barbares affirment encore que dans l’unité existe un ciel invisible, une terre sainte; et une lumière qui ne peut être conçue que par la raison.

 

‘Au commencement, dit l’un d’eux, Dieu créa le  ciel et la terre ; et la terre était invisible : puis, ensuite Dieu dit : ‘Que la lumière soit, et la lumière fut (Gen., I,1-2) ; mais dans la création du monde extérieur, Dieu créa un ciel solide : ce firmament est visible par sa nature, ainsi que la terre, ainsi que la lumière’.

 

Ne vous semble-t-il pas que Platon n’a fait que reproduire cette doctrine, lorsqu’il réunit dans le monde intelligible les idées de tous les animaux, et qu’il crée chaque être sensible d’après un modèle antérieur qui ne peut être conçu que par la raison ?

 

Moise a donc raison de dire que le corps a été pétri de terre, ce corps appelé par Platon tabernacle terrestre, et que l’âme raisonnable lui a été inspirée d’en-haut par Dieu. Voilà pourquoi celle-ci domine toutes nos actions ; mais elle est contrainte de passer par les sens pour s’élever jusqu’au Créateur, et c’est pour cela qu’il est écrit que l’homme a été formé à l’image et à la ressemblance de Dieu ; car l’image de Dieu est le Verbe divin et royal, un homme impassible ». (Col. 922, l. 36-923, l. 3).

 

10.CONCLUSION : « ETRE VRAI ET HONNETE»

 

Si, au terme des présentes réflexions, on devait en donner le résumé conforme à notre pensée profonde, on ne serait  pas loin de la vérité en disant qu’elles constituent une invitation à être vrai et honnête. C’est l’unique voie sûre pour créer l’harmonie nécessaire au bonheur de l’homme : Hommes-Hommes, Hommes-Nature, Hommes-Dieu.

 

Il faut bien voir, en effet, que les « Grecs », c’est-à-dire le Centre actuel du monde, ne résolvent pas le problème-clé de l’homme de notre temps, en prétendant être les uniques nécessaires, parce qu’ils auraient tout inventé, à l’exclusion de tous les autres, spécialement des Noirs, jugés inutiles.

 

Le Centre, on le sait, a évacué le problème métaphysique à l’orée de la science moderne. Il a décrété que cette évacuation était la condition sine qua non de la connaissance et du progrès des sciences et des techniques.

 

Il oublie presque volontairement que les choses ont changé avec le décryptage des hiéroglyphes par Champollion le Jeune, en 1822.

 

Une nouvelle perspective s’ouvre à l’humanité moderne, qui met fin à l’antagonisme d’inspiration grecque entre « Grecs » et « Barbares », entre science et religion.

 

« Le peu que l’on sait, de ce que fut en profondeur la civilisation égyptienne, mère de toutes les civilisations occidentales, nous laisse entendre qu’il y eut un temps de l’humanité où il n’y avat pas une science et une religion séparées, mais où l’une et l’autre confondues composaient c que nous pourrions appeler la Connaissance. Et qu’est-ce que la science sinon l’approche de ce qui est ? Et ce qui est, celui, qui connaît Dieu, ne le connaît-il pas ?[32] ».

 

En dépit des mises en garde des esprits éclairés, le Centre a persisté dans son culte de la loi de la jungle et dans le perfectionnement de ses armes, tout en se lamentant des dérives humaines de plus en plus alarmantes de son système.

 

On peut ainsi dire que l’ensemble du problème de l’humanité contemporaine a comme soubassement la ‘ténacité de l’absurde’, comme dirait Will Durant.[33] C’est en détruisant les murs et non en construisant ou en en entretenant que l’on s’en sortira.

 

Face aux désastres humains présents et à venir et surtout face aux énormes intérêts engagés dan le maintien et la construction des nouveaux murs, impérative devient la  citoyenneté planétaire.

 

Il est plus que temps que les pouvoirs publics et leurs opinions publiques affirment haut et fort leur volonté de vivre et de faire vivre-humainement.

 

Mais pour qu’une telle option en faveur de l’humanité ait quelque chance de succès, elle doit être soutenue par un égal souci de connaissance de la divinité. On ne peut, en effet, comme disait l’Indien à Socrate, vouloir faire le bonheur de l’homme en ignorant Dieu. L’échec de l’expérience tentée depuis 5 siècles doit nous interpeler.

 

Si l’on continue à rester à un petit débat intellectuel, au service de l’emmurement, l’humanité s’enfoncera de plus en plus dans la jungle sauvage, dont la science en progrès exacerbera la dangerosité.

 

« Je suis… grandement surpris, dit Flavius Josèphe, d’entendre dire qu’au sujet des faits anciens il faut exclusivement s’en rapporter aux Grecs, comme étant seuls dépositaires de la vérité, et recevoir avec défiances nos histoires et celles des autres peuples. Pour moi, je pense que l’on peut raisonner tout autrement, pour peu que l’on veuille éviter de se faire surprendre par de vaines opinions, et prendre les faits eux-mêmes pour base de  jugements »[34].

 Kinshasa, le 22 juin 2001

                                                                             PHOBA MVIKA J.

PROFESSEUR ORDINAIRE



[1] Parmi les autres penseurs racistes du XIXè siècle, chantres unanimes de l’infériorité de la race noire, on cite généralement les allemands Paul Anton de Lagarde (1827-1891), ludwig Gumplowicz (1838-1909), Alfred Rosenberg (1893-1946) et l’anglais Houston Stewart Chamberlain (1885-1927).

[2] Le texte est attribué, sans doute à tort, au physiologiste français Charles Richet (1850-1935).

[3] « De Jean-Paul II à Benoît XVI », p. 28-29.

[4] EUSEBE, Préparation évangélique, col. 861. Dans l’article consacré à Solon dans la Biographie universelle, t. 43, Paris, L.G. MICHAUD, 1825, p. 53-54, l’auteur éclaire les circonstances de cette adresse et donne une version tout à fait plausible. On sait qu’après avoir refusé la magistrature suprême et après avoir écrit son code des lois, le sage d’Athènes s’est retiré en Egypte. C’est au cours de ce séjour qu’un des prêtres, fiers de posséder entre leurs mains les annales du monde, tint ces propos à Solon, qui lui vantait les anciennes traditions de la Grèce, mais cette fois-ci de la manière suivante : « Vous autres Grecs, vous êtes bien jeunes : le temps n’a pas encore blanchi votre science ». Comme on le voit, c’est beaucoup plus vraisemblable. Mais le sens reste le même.

[5] Les 7 sages de la Grèce sont : 1. Bias de Priène (né vers 570), 2. Cléobule de Lindes (VIème s. ), 3. Chilon de Lacédemone (VIème s.), 5. Pittacos de Mytilène (650-569), 6. Solon d’Athènes (640-558) et 7. Thalès de Milet (639-548).

[6] Une progéniture sans parents, une descendance sans ascendance.

[7] « Une hypothèse imposante au premier coup d’œil par son éclat et par sa grandeur, tend à admettre une philosophie unique et primitive, qui, née dans le berceau même de la civilisation (le nom de ce berceau est tu !), cultivée d’abord en Asie, aurait passé ensuite dans la Grèce, aurait traversé les premiers siècles de notre ère et se serait perpétuée jusqu’à nos jours… Dans cette hypothèse, la philosophie de Pythagore serait l’anneau principal, qui unirait les traditions orientales avec les doctrines grecques : Pythagore aurait reçu d’Hermès, de Zoroastre, d’Orphée les trésors qu’il aurait transmis à Platon… ». (« Pythagore » in Biographie universelle, t. 36, Paris, L.G. MICHAUD, 1823, p. 364). 

[8] « Ludwig GUMPLOWICZ (1838-1909) était un sociologue allemand, d’origine polonaise, qui se fit l’avocat de la « sociologie du conflit », théorie selon laquelle les races primitives se haïssaient et luttaient pour la suprématie. La civilisation était supposée issue de cette lutte. L’ouvrage le plus important de Gumplowicz, Le combat des races (1883), soutenait que la race supérieure était celle qui gagne toutes les batailles. Le statut de  ‘ race supérieure’ peut ainsi être donné aux anciens Grecs » (BOURKE, V.J., Histoire de la morale, Paris, Cerf, 1970, p. 329.

[9] « J’admire les anciens plus que vous, parce que je les connais mieux, disait Ramus à l’un de ses adversaires ; mais qu’Aristote, Cicéron et Quintilien soient tels qu’on voudra, il ne s’ensuit pas qu’on doive se mettre à genoux devant eux, les regarder avec des yeux idolâtres ni les croire excellents en tout, parce qu’ils ont été excellents en quelque chose » (« Ramus », in Biographie universelle, t. 37, Paris, L.G. MICHAUD, 1824, p. 63-64.

[10] Heureuse erreur, qui nous a valu la science moderne.

[11] C’est nous  qui ajoutons.

12 Le meilleur.

[13] F.VAN STEENBERGHEN, Aristote en Occident, Louvain, 1946, p. 10-14.

[14] « Dans son ensemble … l’œuvre scientifique d’Aristote représente le résultat le plus ferme et le plus étendu de l’activité intellectuelle grecque. Venu après les anciennes écoles naturalistes et idéalistes, après la constitution de la dialectique par les Eléates, témoin de la direction nouvelle donnée à la philosophie par Socrate et Platon, Aristote a pu recueillir tous les éléments féconds du passé, les accroitre par son initiative personnelle et les ordonner avec cette puissance de méthode devenue synonyme de synonyme de son nom et de son génie … ». Ibid.

[15] Il faudrait, toutefois, être prudent. Un extrait d’Atticus reproduit par Eusèbe : « Que Platon ait recueilli les principes de la philosophe, épars avant lui et sans consistance, comme les membres de Penthée, suivant la comparaison d’un auteur ; qu’ils les ait rapprochés, réunis, pour en faire un tout régulier, un corps véritable de philosophie ; c’est ce que personne ne peut révoquer en doute. En effet, Thalès, Anaximandre, Anaxagore et tous les philosophes de leur temps ne s’appliquèrent qu’à l’étude de la nature. On ne peut ignorer que Pittacus, Périandre, Solon, Lycurgue et tous ceux qui les imitèrent, firent leur philosophie dans la connaissance du gouvernement. Il n’est pas moins certain que Zénon et toute l’école d’Elée s’occupèrent plus spécialement de la dialectique. Venant après tous ces philosophes, Platon, que la nature avait formé de ses propres mains, et comblé des dons les plus excellents, Platon envoyé, pour ainsi dire, par la divinité pour recueillir les doctrines éparses de la philosophie, ne négligea aucun effort d’essentiel, rejetant toute discussion inutile. Puis donc nous avons dit que la philosophie platonicienne se divise en trois parties, la … physique (phusikon), la morale et la dialectique, parlons de chacune en particulier. Ainsi s’exprime Atticus ». Voir EUSEBE, « Préparation évangélique », in MIGNE, Démonstration évangélique, t. I ; Paris, Petit-Montrouge, 1843, col. 890-891.

[16] Pourtant l’Egypte était, à cette époque, ce que devint ensuite Athènes, la terre classique de la philosophie, des sciences et des lettres.

[17] On doit donc bien voir que c’est elle qui a inspiré une grande tendance de la philosophie moderne, une philosophie sans métaphysique, à la base des recherches de l’école française de la Philosophie des sciences.

[18] Mort en 339 de l’ère chrétienne.

[19] Il s’agit des prophètes Agée et Zacharie.

[20] Vers 1250. Contemporain de Ramsès II (de 1290 à 1224).

[21] Le sens de l’alphabet hébraïque se présente de la manière suivante ; les 5 premières lettres signifient : « l’instruction de la maison consiste dans la plénitude des tablettes (livres) ». Les 6,7 et 8 signifient : « celui qui vit en elle ». Les lettres 9 et 10 signifient : « le principe est bon ». Les lettres 11 et 12 signifient : « apprends néanmoins ». Les lettres 16, 17 et 18 signifient : « source ou œil et bouche de la justice ». Les lettres 19, 20, 21 et 22 signifient : « appel de la tête et signes des dents ».

[22] Ainsi appelé parce qu’il était d’Agyre, ville de Sicile, aujourd’hui San-Filippo d’Agyrone. Il avait formé le projet d’écrire l’histoire universelle depuis le commencement du monde. Après 30 ans de travaux de recherche à travers les principaux pays d’Europe et d’Asie, il s’établit à Rome et écrivit, sous Jules César et Auguste, sa Bibliothèque historique divisée en 40 livres, dont il ne reste plus que 15, avec quelques fragments. Cette bibliothèque comprenait l’histoire de tous les peuples de la terre, depuis le commencement du monde jusqu’à la première année de l’olympiade CLXXX, c’est-à-dire en 60 avant Jésus-Christ. Les 3 premiers contiennent l’histoire de l’Egypte, de l’Assyrie et des autres peuples Barbares. Le 4ème et le 5ème nous offrent celle de la Grèce et de ses îles pendant les siècles héroïques. Les 5 suivants manquent. Le 11ème commence à l’expédition de Xerxès contre les Grecs et les livres suivent jusqu’au 20ème, qui finit peu avant la bataille d’Ipsus, où fut tué Antigone. D’après les critiques, cet historien ne brillerait pas par le jugement. Il aurait souvent puisé dans de mauvaises sources, comme Euphore, Ctesias et Clitarque ! De plus, on lui reproche d’avoir mal disposé les matériaux, qu’il avait amassés. Il lui arrive souvent de placer sous une date ce qui est arrivé avant ou après. On reconnait, toutefois, qu’il a rapporté fort exactement les années des Olympiades, les archontes d’Athènes et les consuls de Rome. Sans lui, nous ignorerons une infinité de choses. On doit ainsi regretter la perte des 25 derniers livres, dans lesquels se trouvait l’histoire des Etats formés après la mort d’Alexandre. La première édition complète de ce qui nous reste de Diodore de Sicile est celle d’H. Etienne, toute grecque, 1559, in-folio. La meilleure est celle de Wesseling, Gr-Lat., Amsterdam, 1745. Diodore de Sicile a été traduit en français par Terrason, Paris, 1737, in-12, 7 volumes. Voir Biographie universelle, t. 11, p. 387-388. 

[23] Célèbre historien juif, né à Jérusalem en 37 de l’ère chrétienne, d’une famille sacerdotale. Sa mère descendait de la race royale des Asmonéens. Il reçut une éducation digne de sa naissance et mena une vie publique assez mouvementée, pendant la guerre des Juifs contre les Romains, dont il écrivit l’histoire. Il mourut vers 95. L’élégance de son style l’a fait surnommer le Tite-Live des Grecs. Un grand nombre de critiques anciens et modernes louent son amour pour la vérité ; mais d’autres lui reprochent… de s’être éloigné trop souvent des livres saints, qui font la base de ses récits. On a de Josèphe Flavius (par reconnaissance envers Vespasien Flavius qui le combla pour avoir prédit son élévation au titre d’empereur de Rome), on a de Josèphe, dis-je : 1. L’Histoire de la guerre des Juifs contre les Romains et de la ruine de Jérusalem, en 7 livres. Ecrite d’abord en chaldo-syrien, langue maternelle de l’auteur, elle fut traduite en grec par l’auteur. Titus ordonna sa traduction en latin pour l’usage public. 2. Les Antiquités judaïques, en 2 livres. C’est une histoire complète de la nation juive depuis la création du monde jusqu’à la révolte des Juifs contre les Romains : elle est très intéressante. Elle supplée en beaucoup d’endroits au silence des livres saints. 3. Réponses à Appion, en 2 livres. Il prend la défense de la nation juive minimisée en faveur de l’Egypte par Appion, le grammairien d’Alexandrie, dans le 3è et le 4è livre de ses Res Aegyptiacae. 4. Discours sur le martyre des Machabées. 5. Sa vie. Très brève, renvoyant souvent à son Histoire de la guerre des Juifs. Les divers ouvrages de Josèphe ont été recueillis et publiés, pour la première fois en grec par Arnold ARSENIUS, Bâle, Froben, 1544, in folio. La version française des Œuvres a été faite sur la version latine, par Guillaume Michel de Tours, Paris, 1534, in-folio. Voir Bibliographie universelle, t. 22, 31-34.

[24] Sextus Julius,  dit Africain, à cause des origines africaines de ses parents, était un historien chrétien du 3è siècle. Il était né à Nicopolis, dans la Palestine. Il l’écrivit une chronologie pour convaincre les païens (les Grecs spécialement) de l’antiquité de la vraie religion et de la nouveauté des fables du paganisme (à savoir la sagesse spécialement grecque). Cette chronologie, divisée en cinq livres, renfermait l’histoire universelle, depuis Adam jusqu’à l’empereur Macrin (164-218). L’on n’a plus de cet ouvrage que les fragments conservés par Eusèbe de Césarée et quelques Pères de l’Eglise. Cet auteur était célèbre au 3è siècle de l’ère chrétienne où il a vécu. Dans l’extrait, que nous reproduisons, Africain n’a pas beaucoup de considération pour les historiens Grecs, qui s’embrouillaient dans leurs affabulations. Il n’était d’ailleurs pas seul à mal juger d’eux. Leur légèreté dans le traitement des faits et dans leur datation a été cruellement mis à nue par Tatien, dans son Discours aux Grecs. Pour preuve, les historiens Grecs, qui se sont intéressés à ‘l’époque de la naissance des poésies d’Homère’, ont été incapables de fournir la moindre information fiable à ce sujet. L’époque varie d’un auteur à l’autre. Les divergences sont considérables : pour les uns, Homère a vécu 80 ans après la guerre de Troie, pour d’autres 100 ans après , pour d’autres, 140 ans, pour d’autres 180 ans, pour d’autres 240 ans après, pour d’autres 400 ans après, pour d’autres enfin, 500 ans après la guerre de Troie ! La conclusion ne peut-être que sans appel : ‘… s’ils (les historiens grecs) ne respectent point la chronologie de l’histoire, on ne doit pas croire qu’ils respectent davantage le vérité dans la  narration des événements’. Col. 878, l. 65b-69a. L’extrait d’Africain devient d’autant plus intéressant qu’il montre beaucoup de méticulosité de la part de cet historien dans l’établissement de sa chronologie.

[25] Tatien place celle-ci 407 ans après la chute de Troie. (Col. 881, l. 46).

[26] Sextus Julius,  dit Africain, à cause des origines africaines de ses parents, était un historien chrétien du 3è siècle. Il était né à Nicopolis, dans la Palestine. Il l’écrivit une chronologie pour convaincre les païens (les Grecs spécialement) de l’antiquité de la vraie religion et de la nouveauté des fables du paganisme (à savoir la sagesse spécialement grecque). Cette chronologie, divisée en cinq livres, renfermait l’histoire universelle, depuis Adam jusqu’à l’empereur Macrin (164-218). L’on n’a plus de cet ouvrage que les fragments conservés par Eusèbe de Césarée et quelques Pères de l’Eglise. Cet auteur était célèbre au 3è siècle de l’ère chrétienne où il a vécu. Dans l’extrait, que nous reproduisons, Africain n’a pas beaucoup de considération pour les historiens Grecs, qui s’embrouillaient dans leurs affabulations. Il n’était d’ailleurs pas seul à mal juger d’eux. Leur légèreté dans le traitement des faits et dans leur datation a été cruellement mis à nue par Tatien, dans son Discours aux Grecs. Pour preuve, les historiens Grecs, qui se sont intéressés à ‘l’époque de la naissance des poésies d’Homère’, ont été incapables de fournir la moindre information fiable à ce sujet. L’époque varie d’un auteur à l’autre. Les divergences sont considérables : pour les uns, Homère a vécu 80 ans après la guerre de Troie, pour d’autres 100 ans après , pour d’autres, 140 ans, pour d’autres 180 ans, pour d’autres 240 ans après, pour d’autres 400 ans après, pour d’autres enfin, 500 ans après la guerre de Troie ! La conclusion ne peut-être que sans appel : ‘… s’ils (les historiens grecs) ne respectent point la chronologie de l’histoire, on ne doit pas croire qu’ils respectent davantage le vérité dans la  narration des événements’. Col. 878, l. 65b-69a. L’extrait d’Africain devient d’autant plus intéressant qu’il montre beaucoup de méticulosité de la part de cet historien dans l’établissement de sa chronologie.

[27] Premier roi légendaire de Béotie.

[28] A plus forte raison si on les compare aux Egyptiens qui sont  un peuple plus ancien que les Hébreux.

[29] Livre dixième.

[30] Disciple de Plotin, ayant vécu entre 234 et 305.

[31] Philosophe platonicien, né vers 30 avant Jésus-Christ d’une des plus illustres familles juives d’Alexandrie. D’après Eusèbe, il était l’un des meilleurs connaisseurs de Platon. On l’appelait communément Platon juif ou, suivant Saint Jérôme, Philon le platonicien. Contrairement à une certaine opinion, Saint Augustin déclare formellement que Philon n’a jamais professé la religion chrétienne.  Il avait composé un très grand nombre de livres, sur l’Ecriture Sainte, sur la philosophie et sur la morale, dans lesquels tous les critiques ont admiré la sublimité des pensées, la beauté du style et la force d’expression. Les mêmes critiques ne s’accordent pas, cependant, sur la question de savoir si Philon maitrisait l’hébreu ou non. La plupart de ses livres sont perdus. On peut citer parmi eux les suivants : I. De mundi creatione secundum Mosen liber. C’est un commentaire littéral et mystique du premier chapitre de la Genèse. Il fait autorité auprès des commentateurs de l’ouvrage de ses Six Jours, comme Saint Ambroise. II. Sacrarum legum allegoriarum libri tres. Ils font suite au précédent. III. De Cherubin et flammeo gladio, et de Kain, qui primus ex homine procreatus est. Commentaire sur une partie de l’IIIè chap. de la Genèse … XIX. De vita Mosis, libri tres. Ces livres ne sont indiqués ni par Eusèbe ni de Saint Jérôme. Toutefois les critiques sont unanimes pour reconnaitre leur authenticité philonienne. Ils ont été traduits en latin par Adrien Turnèbe, et imprimés sans le texte, Paris, 1554, in-8°… XV. De mundi incorruptibilitate … XXVIII. De mundo. Ce traité est une compilation des passages des ses écrits sur cette matière : imprimé avec les œuvres d’Aristote et de Théophraste, Venise, 1497 ; traduit en latin par Guillaume Budé, Paris, 1526 … Tout ce qui reste des œuvres de Philon a été recueilli et imprimé à Genève, en 1613, in-fol., 2 vol. L’édition de Mangey est considérée comme la meilleure de toutes les précédentes sur tous les rapports. Il y a d’autres Philon avec lesquels il ne faut pas le confondre. La date de sa mort reste inconnue. Certains en ont fait un centenaire. Voir Biographie universelle, art. « Philon », t. 34, Paris, 1823, p. 196-200. 

[32] BARJAVEL, R., La faim du tigre, Paris, Dénoël, 1966, p. 191.

[33] Histoire de la civilisation. « La Renaissance », Ed. Rencontre, 1996, p. 9.

[34] Voir plus haut, p. 53.

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  • 30 JUIN 1960-30 JUIN 2016 56 ANS APRES, LE REGARD INTERROGATEUR DES AUTRES Personne n’ignore la sollicitude du Dieu de la Bible pour Israël, son peuple. Ses faveurs pour lui peuvent se résumer dans la promesse d’un pays, où couleraient le lait et le mi
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